On y parle d’un classique intemporel avec Tony Allen à la batterie, d’un clip de Quentin Dupieux, du temps de Daft en studio…un album culte.
31 janvier 2004. Un homme dont les précédents disques ne se sont vendus qu’à 2 000 exemplaires (ce qui est modeste pour un album) a sorti un nouvel album, « Politics ». Le disque devient rapidement culte et met son auteur, Sébastien Tellier, sur le devant de la scène.
Album conceptuel (moitié)
Ici, on est loin d’une chanson aux paroles typiquement françaises. De plus, même si l’on n’entend jamais la langue de Molière, on entend l’anglais, l’espagnol (« League Chicano ») et même l’allemand (« Mauer »). Tout de même, avec un accent français prononcé.
L’album traite d’un large éventail de sujets politiques, notamment de la situation des Mexicains aux États-Unis (« League Chicano ») et du génocide des Amérindiens (« Ketchup vs. Genocide »). La continuité du récit reste très mince, et la plupart des œuvres entretiennent un rapport lointain avec la politique. Un album concept version allégée qui ne contient pas de sucre. Sébastien Tellier fait notamment de la politique au niveau du clip. C’est un humour très années 2000, très Guignol de Info, puisqu’il porte une veste à franges et parodie les politiques. « Je voulais créer un enregistrement géopolitique, alors j’ai continué à penser à des structures en plaques constituées de cultures. » Au final, ça a fait transpirer Geo.
Le chef-d’œuvre de Sébastien Tellier
Difficile de ne pas évoquer l’une des chansons cultes de Radio Nova, « La Ritournelle ». L’orchestre continue de crescendo pendant 7 minutes et 34 secondes, soutenu par la batterie de feu Tony Allen, le batteur de Fela Kuti, l’un des fondateurs de l’Afrobeat. Brian Eno disait de lui : « L’un des meilleurs batteurs du monde », et cette chanson le prouve une fois de plus.
Je dois dire que cet album a un casting cinq étoiles. Mixé par Filip Zdar (Cassius), cordes par Janko Nilovic (célèbre arrangeur). Daft Punk est également venu au studio et a conseillé Sebastian sur la chanson « Wonderafrica ». Motorbus Studio, studio d’enregistrement emblématique de la scène française, est toujours en construction. D’ailleurs, un soir de mauvais temps, le plafond a failli s’effondrer, rendant impossible l’écoute de « La Ritournelle ». Heureusement, le manager des Terriers avait effectué un repli de dernière minute. Hein!
Prélude à l’excentricité
La politique, notamment « La Ritournelle », a joué un rôle déterminant dans la carrière de Sébastien Tellier et l’a fait connaître au grand public. C’était juste le début.
Quatre ans plus tard, en 2008, sa carrière explose. Il portera les couleurs de la France à l’Eurovision en livrant une prestation endiablée et scintillante avec de nombreux refrains. (Re)découvrez-le.
Mais ce qui est sorti cette année-là était avant tout la sexualité. Malgré le titre, il ne s’agit pas d’un hommage à Prince, mais à sa passion première. « Tout ce qui m’intéresse, ce sont les fesses », a-t-il déclaré lors de l’interview. On le comprend d’autant plus que cette passion a donné naissance à un superbe album. Produite par Guy-Manuel de Homem-Christo, moitié des Daft Punk, la chanson est aujourd’hui un classique de la French Touch.
Sébastien Tellier poursuit sa carrière avec son album My God Is Blue de 2012, qui célèbre la couleur bleue, l’équivalent musical du monochrome d’Yves Klein. Viennent ensuite « Confessions » en 2013, suivi de « L’Aventura » en 2014, et leurs tendances bossa nova se poursuivent. Après la pandémie, le chanteur poilu et fougueux est de retour, cette fois correctement, chantant sur les tâches ménagères et la vie d’homme marié sur Domesticated. Prochaine étape : 20 ans de sexualité en 4 ans. À bientôt!