Nous avons récemment appris auprès de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel public que plusieurs groupes d’information seraient intéressés par l’acquisition des fréquences de la TNT. À mesure que les journaux déclinent, ils espèrent toucher de nouveaux lecteurs.
Alan Weil, propriétaire du magazine « L’Express », lors d’une audition publique à l’Université Alcom le 18 juillet 2023. Photo Lionel Gericholas / Starface
Publié le 19 juillet 2024 à 15h20.
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« Nous pensons que le moment est venu pour L’Express d’évoluer vers la télévision. […] »Cette diversification est essentielle pour notre groupe d’information indépendant », a déclaré lundi le président du magazine, Alan Weil, dans une déclaration aux membres d’Alcom, qui sera chargé d’auditionner de nombreux candidats pour les 15 chaînes de la TNT tout au long du mois de juillet. La licence de diffusion expire à la fin de l’année. À l’instar du journal, qui a célébré son 70e anniversaire l’année dernière, plusieurs organes de presse ont déposé des demandes auprès du régulateur de l’audiovisuel public dans l’espoir d’acquérir l’une des précieuses fréquences et, à terme, de lancer une chaîne de télévision. Parmi eux figurent donc non seulement L’Express, mais aussi le quotidien régional Ouest-France et le groupe CMI France (Elle et Franc-tireur).
« Il est très logique que les entreprises de la presse écrite investissent dans la télévision », explique Marie-Christine Lipani, maître de conférences à l’Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine. Les machines à papier sont des produits industriels devenus très chers et qui souffrent aujourd’hui d’une baisse importante de leurs ventes et de leur lectorat. Se lancer dans la télévision, c’est trouver d’autres sources de revenus, notamment publicitaires. » Le même argument a été évoqué lors de l’audition d’Alan Weil. « Contrairement au développement constant des contenus gratuits, le marché des abonnements payants est devenu très restreint. » Surtout à partir de 2024, les barrières à l’entrée pour la production d’images sont bien plus faibles qu’auparavant, même si elles ne font que diminuer, la plupart des agences de presse ont déjà acquis des studios. pour produire de la vidéo sur le web.
Depuis une quinzaine d’années, de plus en plus de groupes de presse proposent de nouveaux services, comme des formations, des salons étudiants et des festivals, parfois loin de leurs entreprises, pour financer leur rédaction. Les journalistes de la presse écrite d’aujourd’hui peuvent également travailler à la télévision. « Ces groupes veulent gagner de l’argent en utilisant le travail de leurs salariés dans de multiples médias », affirme Nadine Toussaint-Demoulins, universitaire et auteur de Media Economics (édité par PUF).
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Cette diversification complète la transformation déjà en cours dans la plupart des organes de presse. Pour être présents sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, les journaux se sont tournés vers la vidéo. Chaque chaîne emploie des journalistes de la presse écrite pour fournir des informations sur son site Internet. Après tout, aujourd’hui, chaque média produit un peu de tout. Tout comme les lecteurs ne se contentent plus d’une seule source d’information.
BFM dispose déjà d’antennes en région
Être imprimé et apparaître à la télévision, c’est aussi s’assurer une certaine reconnaissance auprès de l’ensemble des Français. « Peu importe ce qu’on dit de la télévision, elle reste aujourd’hui un média révolutionnaire auprès du grand public », poursuit Marie-Christine Lipani. Avoir une chaîne, c’est s’assurer de développer sa marque et d’acquérir une certaine reconnaissance. » Il s’agit donc de capter des lecteurs qui ne lisent pas (ou rarement) les journaux.
Pour les agences de presse locales, le désir d’être présent à la télévision n’a rien de nouveau. « De nombreuses organisations locales ont déjà des antennes. Cette imprimerie a un savoir-faire très spécifique et connaît le terrain par cœur, il y a donc souvent une synergie entre l’écrit et l’audiovisuel Oui », rappelle Marie Christine Lipani. C’est particulièrement vrai en région Aquitaine, où sont implantées TV7, propriété du journal Sud Ouest, ainsi que Tébéo et TébéSud, propriété du Télégramme. Au-delà de leur expertise, ces chaînes locales collectent également des revenus publicitaires, qui sont essentiellement absorbés par les plateformes et les réseaux sociaux. « Il y a un vrai marché et une vraie demande. Pour preuve, BFM a ouvert une dizaine d’agences dans la région et se porte très bien », poursuit le chercheur.
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Un projet similaire est aujourd’hui revendiqué par l’Ouest de la France. Le pays a annoncé mardi devant Alcom qu’il élargirait son audience et créerait une chaîne « La vraie vie et les vraies personnes », une chaîne destinée aux personnes qui se sentent sous-représentées dans la programmation nationale actuelle. diffuser. « Il y avait un manque de vision audiovisuelle depuis la proue », explique Caroline Tortelier, rédactrice en chef adjointe du journal. Ces dernières années, nous avons réalisé des investissements importants dans le numérique, la vidéo et les podcasts. Avec la télévision, vous pouvez toucher de nouveaux publics, acquérir une reconnaissance nationale et bénéficier de nouveaux instruments économiques. » Reste à savoir si Alcom trouve son projet convaincant. Le régulateur de la radiodiffusion publique prendra une décision plus tard ce mois-ci.