Le journaliste et auteur français Bernard Pivot est décédé lundi à l’âge de 89 ans. Il restera un monument de la télévision française, notamment grâce à l’émission littéraire Apostrophe, qu’il a animée de 1975 à 1990, mais aussi Bouillon de Culture, qui a duré jusqu’en 2001. Deux spectacles où les scénaristes ont eu la liberté. Cela a évidemment donné lieu à des heurts et à des moments intenses.
Cabane de Bukowski
Le 22 septembre 1978, Bernard Pivot accueille Marcel Melmoze, Catherine Paysan, Gaston Ferdière, François Cavanna et Charles Bukowski. Et sur le plateau, le moins que l’on puisse dire, c’est que le poète et auteur américain est ivre, fumant probablement une cigarette tranquillement en intérieur après s’être servi un verre avant ou après un spectacle. chuchote l’auteur de « Journal d’un vieil homme dégoûtant » et de « Histoires de folie ordinaire et de femmes » lors de l’intervention d’un collègue. Cette attitude a fini par irriter François Cabanna à plusieurs reprises. L’auteur de « Les Rituels et le Conte des Raskoff » lui a donné la célèbre épithète suivante : Je vais te frapper au visage ! « Les Américains quitteront le plateau sous le choc et se sentiront un peu tristes. « L’écrivain américain n’a pas vraiment de bouteille, après tout », ironiserait Pivot.
Roger Pailfitt-Jean Dolmesson
Il est rare de voir Jean d’Ormesson « en colère », mais cela arrive. Selon lui, la faute en revient à Roger Peyrefitte, qui, selon lui, a rappelé des souvenirs de la nuit commune à Bangkok, 20 ans plus tard. « Je vous ai servi d’intermédiaire pour votre aventure amusante. Je m’empresse de vous dire que la personne à qui je vous ai donné mon adresse était une charmante masseuse thaïlandaise », a déclaré Roger Peyrefitte en grande partie fier et très heureux. pour pouvoir nuire à cet érudit. Il affirmerait également que ce dernier était peu présent dans son bureau de l’UNESCO. Réponse de Jean d’Ormesson : « Je dois dire que si je vous ai si souvent rendu visite hier, c’est parce que je vous méprisais bien plus qu’aujourd’hui. » « Libération » via Philippe Lanson, titrait sa nécrologie de 2000 « Roger Peyrefitte, La Mort ». d’un homme infidèle ».
Gainsbourg Béhar
En 1986, c’était encore flou à la télé et il n’y avait pas vraiment de filtres. En live, cette fois Serge Gainsbourg et Guy Béhar s’affronteront avec une apostrophe. Alors que Pivot posait à Gainsbourg une question sur son amour de la peinture, des rires se font entendre derrière Gainsbourg sur le plateau, et la première altercation éclate. « Qu’est-ce qu’il y a de si drôle chez un blaireau ? », s’est exclamé Gainsbourg, avant d’expliquer que la musique, selon lui, était un « art mineur ». « Il n’y a rien de mineur dans la chanson », répond Guy Béhar. « Mais oui, mon petit homme. Mais qu’en est-il de ce fils de pute ? », rétorque « Gainsbarr » avant de pouvoir argumenter. « Cette chanson ne nécessite pas d’introduction. Les arts majeurs l’exigent : l’architecture, la peinture, la musique classique, la littérature, la poésie. » Mais l’auteur de « L’Eau vive » ne se tait pas. « L’art mineur n’existe pas, et cela ne sert à rien de faire une chanson et de dire qu’elle est mineure. Sinon, je ne serais pas là. » « Tu fais un peu d’art mineur, gamin. Et tu extorques de l’argent à de pauvres salauds. »
Dennis Bombardier-Gabriel Matzneff
Le 2 mars 1990, Bernard Pivot accueille Gabriel Matzneff. Trente ans avant Vanessa Springola et son livre « Le Consentement », une Québécoise attaque un romancier à coup d’apostrophes. « Je suis désolé pour M. Matzneff. Ce que je ne comprends pas, c’est que dans ce pays… […] La « littérature » sert d’alibi à ce genre de confiance. Parce que ce que nous dit M. Matzneff, c’est que […] C’est qu’il sodomise des petites filles de 14, 15 ans, et ces petites filles sont obsédées par lui. Nous savons que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons, mais M. Matznev attire les enfants avec sa réputation. Ce que nous ne savons pas, c’est comment les filles de 14 et 15 ans qui ont été victimes d’abus de pouvoir s’en sortent après coup. Je crois que ces petites filles sont en train de dépérir, et la plupart d’entre elles dépériront probablement pour le reste de leurs jours », a-t-elle accusé sur le plateau. C’était le seul. » Bernard Pivot a demandé en riant à Matzneff. « Pourquoi t’es-tu spécialisé dans les lycéennes et les chatons ? » » Une séquence qui a apparemment fait jaser à nouveau lors de la publication de l’ouvrage de Vanessa Springola. Par ailleurs, le journaliste avait adressé une lettre au JDD exprimant ses regrets. « En tant que présentateur littéraire à la télévision, j’aurais eu besoin d’une grande clarté et d’une grande force de caractère pour échapper à la liberté excessive avec laquelle mes collègues des journaux et de la radio se sentaient également à l’aise. Je ne possédais pas ces qualités. Je le regrette clairement et je sens aussi que je Je n’avais pas les mots justes pour le dire », écrit-il le 30 décembre 2019.
menace de suicide vivante
Le 15 mars 1992, au Bouillon de Culture, Bernard Pivot et ses invités sont interrompus par un homme. Ce dernier se présente comme étudiant et arrive sur le plateau pour parler du mouvement étudiant. « Je suis désolé, mais ce n’est pas très poli d’interrompre… » tente Bernard Pivot. Lorsque l’agent de sécurité est intervenu, le jeune homme a sorti un couteau et a menacé de lui trancher la gorge s’il s’approchait. Cet homme évoque le projet Jospin et accuse les « médias ». Le journaliste français lui a alors expliqué qu’il y avait un risque que la direction coupe l’antenne. « Si elle me coupe l’antenne, je me la plante dans le ventre. Prends le risque et tu verras », répète l’étudiant en parlant pendant trois minutes avant de tendre le couteau à Bernard Pivot.