L’appel à la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle, lundi 27 mai 2024, fait suite à un meeting à Kologo, dans le nord de la Côte d’Ivoire, début mai, qui a réuni plusieurs ministres et des dizaines de milliers de partisans.
Alors, est-ce aussi un ballon test ? Alassane Ouattara se laissera-t-il tenter ?
Son parti, le RHDP, le voit comme un candidat naturel pour l’élection présidentielle d’octobre 2025 et lui demandera d’accepter sa candidature.
Arthur Banga, professeur d’histoire et analyste politique à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, estime que « c’est lui qui compte aujourd’hui ». [Alassane Ouattara] Celui-ci fédère l’ensemble du RHDP et constitue un socle commun. »
« Et cela aidera à calmer un peu la frénésie en cas de successeur trop zélé. Il y a des candidats fantômes qui doivent calmer cette frénésie. Le leader est Alassane Ouattara et la décision, il faut se rappeler que c’est la sienne. »
« La tendance est à la candidature d’Alassane Ouattara » (Arthur Banga)
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Le politologue Sylvain Nguessan imagine qu’Alassane Ouattara a « quatre candidats à la présidentielle ». Toutefois, compte tenu de la « construction et de l’accession au pouvoir » du président du PDCI, Tidjane Thiam, ce dernier n’est peut-être pas le favori. Sylvain Nguessan rappelle également le cas de Laurent Gbagbo, dont le nom « n’était pas encore inscrit sur les listes électorales », comme étant « un peu plus compliqué ». Conclusion de Sylvain Nguessan : Le RHDP, qui ne veut pas perdre le pouvoir pour diverses raisons, n’a d’autre choix que de s’appuyer sur ce qu’il appelle les candidats naturels, ceux qui savent faire face à l’adversité du PDCI et du PPA-CI.
Candidat successeur fantôme
En briguant un troisième mandat en 2020, Alassane Ouattara a estimé avoir fait un sacrifice lorsque son potentiel successeur, Amadou Gon Coulibaly, est décédé subitement. Quelques mois plus tard, en mars 2021, celui que certains observateurs considéraient comme le nouveau successeur d’Alassane Ouattara, Ahmed Bakayoko, est décédé.
Comme le rappelle Arthur Banga, il existe certainement à ce stade des successeurs potentiels. Pour autant, le politologue Sylvain Nguessan n’exclut pas la candidature d’Alassane Ouattara.
« En tout cas, avec toutes ces manifestations provoquées, on ne peut pas dire que M. Alassane Ouattara soit mal informé, et rien n’indique que le leader du RHDP se présentera réellement. Il sera candidat du RHDP. »
Les partisans de Laurent Gbagbo estiment que son mandat (2000-2010) a été marqué par la crise et qu’il reste digne de diriger la Côte d’Ivoire. Image : Diomande Blé Blonde/AP Photo/picture alliance.
La réunion du parti présidentiel de lundi intervient après que son parti, le PPA-CI, ait désigné Laurent Gbagbo comme candidat à la présidentielle, bien qu’il ne soit pas éligible pour le moment.
Pendant ce temps, Tidjane Thiam, du parti d’opposition PDCI, peaufine sa stratégie de promotion.
« Le poids de l’âge, l’envie de faire autre chose et, surtout, un environnement qui nécessite du changement et du changement peuvent peser sur la décision d’Alassane Ouattara de ne pas se présenter », pense M. Banga. . « Même si la tendance est à la candidature d’Alassane Ouattara, elle n’est pas encore sûre tant qu’il ne prend pas la parole. »
L’Afrique de l’Ouest est en crise
Alassane Ouattara, qui sera bientôt au pouvoir pour 15 ans, pourrait donc briguer un nouveau gouvernement s’il accepte la décision du parti. Donc, dans ce cas, cela va encore plus loin que les deux mandats, et cela dans une sous-région où la population en a assez des dirigeants politiques qui ne respectent pas les processus démocratiques.
Gilles Yabi, du groupe de réflexion Wasi, a déclaré que les dirigeants du Togo et de la Côte d’Ivoire sont « motivés à préserver le pouvoir et n’ont pas tiré les leçons des soulèvements qui les ont entourés ».
« Dans le cas de la Côte d’Ivoire, il est clair que cela ne fera que créer à nouveau une situation de tension et de tension », a poursuivi Gilles Yabi. Cela serait une fois de plus une source de tensions en Afrique de l’Ouest, où cela n’est pas nécessaire compte tenu des grandes incertitudes politiques et sécuritaires auxquelles elle est déjà confrontée.
Tout dépend de la décision du président Alassane Ouattara. Ses partisans estiment qu’il a le droit de briguer un second mandat. Ils affirment qu’avec l’adoption d’une nouvelle constitution en 2016, « le compteur a été remis à zéro ». Cette situation est contestée par les opposants qui avaient déjà jugé le mandat actuel inconstitutionnel.