Des « déséquilibres clairs et persistants » dans l’expression des opinions pourraient conduire à des sanctions. Le régulateur de l’audiovisuel Alcom a annoncé jeudi qu’il renforcerait les contrôles sur le pluralisme des antennes de radio et de télévision, après avoir lancé un avertissement à CNews en février. Jusqu’alors, Alcom évaluait essentiellement le pluralisme politique de chaque chaîne en comptant le nombre de fois où cela était dit. Désormais, « le contrôle doit aller au-delà de cela », a déclaré à la presse Roche Olivier Maistre, président de l’organisme indépendant.
« Médias d’opinion ». Pour déterminer le respect général du pluralisme, Alcom s’appuiera donc sur différents indicateurs dans tous ses programmes, selon les délibérations de mercredi. En d’autres termes, il y a une diversité de sujets abordés à l’émission, une diversité d’intervenants et un grand nombre de points de vue. Décision du 13 février du Conseil d’État. Cette décision a fait l’effet d’un coup de foudre. La Cour administrative suprême, aux mains du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a ordonné à l’agence de renforcer son contrôle sur la chaîne d’information CNews.
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a initié cette démarche car elle estimait que CNews était devenue un « média d’opinion », ce que les responsables ont rejeté. En mai et juin, elle a dépassé BFMTV pour devenir numéro un des chaînes d’information continue (part de marché), réalisant des résultats sans précédent.
Des sanctions sans précédent. Dans ses délibérations qui s’appliquent à tous les médias audiovisuels, Alkom rappelle d’abord « la primauté de la liberté de communication ». Même si des inquiétudes ont été soulevées, Mestre a déclaré que « les médias sont libres de choisir les sujets qu’ils souhaitent aborder » et que « le catalogage, l’archivage ou l’étiquetage des intervenants (présentateurs, journalistes, invités) devraient être restreints. Il n’y a aucun problème avec les autorités le font. » La radio et la télévision n’auront plus à comptabiliser les sujets et les intervenants qu’elles couvrent régulièrement avec Alcom, comme elles le font actuellement pour le temps de parole politique.
Ce n’est qu’en cas de réserve ou de litige que vous devez démontrer que vous respectez le pluralisme. Les radios et télévisions avaient reçu à l’avance les souhaits d’Alcom, mais s’inquiétaient de nouvelles règles difficiles à mettre en œuvre et, comme CNews, d’une atteinte à la « liberté d’expression ». In fine, l’évaluation de la police audiovisuelle se fait sur une durée d’un mois pour les chaînes d’information en continu et de trois mois pour les autres chaînes. Et, pour qu’un déséquilibre soit formellement notifié ou potentiellement sanctionné s’il se répète, il doit être « évident et persistant ». Cette situation est susceptible d’être rare.
Indépendance. Le directeur général de RSF, Thibault Bretin, a déclaré dans un communiqué que ces programmes « permettent de sanctionner les éditeurs qui se soustraient à leurs obligations pluralistes » et « réduisent les programmes à un barrage de commentaires sur des thèmes ressassés ». C Nouvelles. Alcom devra également répondre à nouveau à RSF pour le cas spécifique de la chaîne à la demande du Conseil d’Etat.
Le tribunal a également appelé l’agence à accorder une plus grande attention à « l’indépendance informationnelle » des actionnaires. « Nous en sommes conscients », a déclaré Mestre. Dans le cadre du processus de renouvellement de 15 fréquences de télévision numérique terrestre (TNT), les dirigeants de CNews interrogés lundi par Alcom ont cherché à donner des assurances, entre autres, sur la « direction du pluralisme » à l’avenir. CNews conteste que la chaîne et des célébrités telles que Pascal Proud et Laurence Ferrari soient souvent accusées de donner la priorité à l’immigration et à l’identité et de véhiculer des opinions d’extrême droite.
Extrémité droite. Comme C8, qui appartient également à Canal+, cette chaîne reçoit régulièrement des commandes d’appels d’Arcom en raison de commentaires émis sur la chaîne. RSF a regretté que les instructions de l’autorité indépendante soient venues « dernièrement », « dans un contexte post-électoral qui démontre la nécessité du pluralisme ». Fin juin, le régulateur a adressé une mise en demeure à Radio Europe 1, autre média affilié à M. Bolloré, pour avoir formulé des critiques excessives sur l’émission de Cyril Khanouna, soulignant la gestion « presque évidente » des élections législatives. Représentant de l’extrême droite.
Depuis la mi-février, les téléspectateurs et les auditeurs peuvent accéder à Alcom dans n’importe quel ordre, ce qui va à leurs yeux à l’encontre du respect général du pluralisme.
Anne Pascal Lebré
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