C’est une très bonne question. La décision est restée dans les limbes pendant des semaines sans être mise en œuvre. La loi, connue sous le nom de « Loi sur Al Jazeera », a été adoptée par le Parlement le 1er avril à une large majorité, même si elle ne mentionne pas le nom de la chaîne. Son objectif est d’arrêter la diffusion en Israël de médias étrangers considérés comme portant atteinte à la sécurité nationale. La cible était Al Jazeera. La couverture par le journal de la guerre à Gaza et dans les territoires palestiniens, dont il est le seul média international, est depuis longtemps un élément clé du conflit.
Mais c’est la première fois dans l’histoire de l’État juif que c’est une très mauvaise nouvelle pour la liberté de la presse. Israël se joint aux régimes autoritaires qui restreignent la liberté de la presse, notamment aux dictatures arabes qui ont attaqué la chaîne.
Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur son sens du timing. Pourquoi maintenant? Se pose aussi sans doute la question de la pression sur le propriétaire de la chaîne, le Qatar. Il y a quelques jours, Israël et le Hamas semblaient proches d’un accord sur la cessation des hostilités et la libération des otages, mais suite à la déclaration du Premier ministre Benjamin Netanyahu selon laquelle il avait l’intention d’envahir la ville de Rafah quelle que soit l’issue, le Hamas a renforcé son exige d’assurer une action militaire israélienne. Les troupes n’entreront pas dans la ville. La décision de fermer le canal du Qatar peut être interprétée comme un moyen de faire pression sur le Qatar, principal médiateur dans ces négociations, pour qu’il mette fin à la médiation ou qu’il fasse pression sur le Hamas.