Le conflit entre la Fekafoot et le ministère camerounais des Sports prend chaque jour des rebondissements. Ce jeudi 30 mai, l’entraîneur par intérim Martin Ndtung Mpaile, nommé par le président de la fédération Samuel Eto’o après le limogeage du sélectionneur belge Marc Bliss, a annoncé sa démission. Comment expliquer cette crise sans précédent ? Éléments de réponse avec le journaliste Frank Simon, expert du football africain et consultant radio internationale du football.
RFI : Dernière évolution en date, la démission de Martin Ndtungu Mpairu, nommé avant-hier entraîneur intérimaire des Lions indomptables par Samuel Eto’o, vient d’être annoncée. Notre correspondant à Yaoundé annonce dans le journal que Mark Bliss, Samuel Eto’o et le Ministre des Sports ont rencontré le Premier Ministre cet après-midi. Comment analysez-vous ces dernières tendances ?
Frank Simon : En effet, c’est presque une émission de téléréalité que nous regardons depuis des semaines. Plus précisément, ces derniers jours. Je pense qu’il serait bienvenu de clarifier la situation dans laquelle nous avons l’impression de marcher sur des marécages saumâtres lors de cette réunion au Cabinet du Premier Ministre… Nous sommes des leaders, nous sommes des leaders mutuels, Samuel, le garant du football camerounais – Légende du football camerounais qui a été témoin de l’altercation avec Eto’o Fils, aujourd’hui président de la Fekafoot puis autorité de tutelle. Nous avons été très surpris par cette augmentation du pas. J’étais également très nerveux à propos du vocabulaire que je pensais pouvoir utiliser. Nous avons également réalisé que, selon les mots de l’ancien entraîneur Rigoberto Song Bahanag, il s’agit avant tout d’un conflit politique et non d’un joueur en question. L’échéance est très proche pour les Lions Indomptables, ce qui leur impose de trouver une solution assez rapidement.
Nous reviendrons bientôt sur les racines profondes de ce conflit. Ce n’est pas encore tout à fait clair, et je ne sais pas si ce sera beaucoup plus clair cet après-midi. Mais il y avait deux coachs pendant au moins deux jours. L’un a été nommé par le ministère des Sports et l’autre par la fédération. Avons-nous déjà vu cela ailleurs ?
J’ai l’impression que cela se produisait déjà au Bénin il y a une vingtaine d’années. C’est arrivé. C’est arrivé dans un club. Nous ne parlons pas ici d’entraîneurs. Cependant, au sein du club, il y avait certainement un conflit entre deux penseurs opposés et deux présidents. Cela se produit dans plusieurs pays africains. En Côte d’Ivoire, il joue pour l’Africa Sports National, l’un des plus grands clubs du pays, évoluant actuellement en Division 2.
Mais est-ce encore plus rare au niveau fédéral ?
Pour la Fédération, c’est plus qu’inhabituel… sans précédent. Il s’agit d’une situation totalement inédite. En un sens, l’anomalie remonte à quelques mois avant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), lorsque, rappelons-le, le Cameroun sortait par la petite porte.
Sur le papier, la raison du changement d’entraîneur était la contre-performance du Cameroun lors de la dernière CAN… Savez-vous ce qu’en pense le joueur des Lions Indomptables, Frank Simon ?
Pour l’instant, leurs voix ne sont pas entendues, du moins par ceux qui sont initialement concernés et qui risquent d’être interpellés. Pour l’instant, leurs voix ne peuvent pas être entendues. Des vétérans qui se sont prononcés, ainsi que des joueurs qui ont déjà passé le processus de sélection mais qui ne font plus partie de l’équipe, se sont également prononcés. Patrick Mboma, le grand frère du football camerounais, s’est fait connaître avec une seule déclaration et se classe aux côtés de Samuel Eto’o. Fabrice Olinga, proche de l’ancien international Samuel Eto’o, soutient également Fekafutto. Quoi qu’il en soit, nous le ressentons. Les comédiens, les premiers acteurs du football, et les joueurs eux-mêmes réunissent le camp de la légende du football camerounais et africain Samuel Eto’o Fils. Maintenant, c’est plus compliqué que ça. Comme vous le savez, le Cameroun est en train de renouveler et de rajeunir sa main d’œuvre, en faisant appel aux doubles nationalités… et il y a encore des gens pour qui il est compliqué de parler et de prendre position. Imaginez la difficulté de prétendre quoi que ce soit, d’autant que certains ont été contactés directement par l’entraîneur belge du Cameroun, Marc Bliss, promu par le ministère des Sports.
La CAF et la FIFA sont restées très lâches depuis le début de tous ces événements. Pour quoi ? En règle générale, ils interdisent toute ingérence politique dans les affaires de la Ligue… Pourquoi ne se sont-ils pas rangés plus fermement aux côtés de Samuel Eto’o ?
En fait, là aussi on peut parler de la Ligue des Sourds, la CAF. Mais la CAF a des problèmes à résoudre. Ce qui est encore plus surprenant, et vous avez raison de le souligner, c’est que la FIFA ne publie pas grand-chose pour le moment. Bien sûr, il y a eu un échange de lettres et nous suivons cette correspondance depuis quelques semaines. À un moment donné, j’ai vu le nom du Belge Marc Bliss inscrit sur le site de la FIFA. Ainsi, à un moment donné, son nouveau rôle sera reconnu. Je pense qu’il a été supprimé. Mais je ne voyais rien d’autre. On a un peu le sentiment que la FIFA attend que cette crise soit résolue en interne par les Camerounais car c’est une crise grave.
Selon vous, quelle est la véritable racine du problème ? Vous avez dit plus tôt qu’il s’agissait d’une bataille politique, n’est-ce pas ? Voulons-nous mettre des bâtons dans les roues de Samuel Eto’o, trop remuant et trop ambitieux ?
C’est un peu pareil, non ? Ensuite, quand on regarde ce qui se passe dans d’autres régions, on a l’impression que le Cameroun a un petit microclimat. En dehors du continent africain, la prérogative de nommer les dirigeants appartient généralement aux fédérations. Le ministre peut aussi faire une recommandation, mais c’est certainement très surprenant. On a l’impression qu’il est un peu jaloux de ces privilèges, et aussi en colère de ne pas pouvoir décider de tout cela lui-même. Il y a donc ce conflit… Je ne dis rien, ce conflit entre les autorités, le ministère camerounais des Sports, le Mincep et la Fekafoot, c’est un long mélodrame ! Cela n’a pas commencé en 2024…