Lors de la conférence annuelle Viva Technology qui s’est terminée samedi dernier à Paris, le commissaire européen Thierry Breton a exhorté les États-Unis à adopter de nouvelles réglementations technologiques. Cet appel vise essentiellement à créer un marché numérique cohérent et harmonisé des deux côtés de l’Atlantique, qui bénéficiera aux entreprises et aux consommateurs des deux régions.
L’Union européenne et la majorité effective
L’Union européenne est largement reconnue comme la principale autorité en matière de réglementation technologique. Elle a mis en œuvre des législations clés telles que la loi sur les marchés numériques (DMA) et la loi sur l’intelligence artificielle (IA). Ces lois sont conçues pour enquêter et réglementer les pratiques des grandes entreprises technologiques comme Google et Meta, garantir une concurrence loyale et protéger les utilisateurs.
En revanche, les États-Unis se sont largement appuyés sur les lois existantes pour réglementer le comportement des géants de la technologie. Par exemple, le ministère de la Justice a intenté une action en justice antitrust contre Apple en mars, accusant l’entreprise de comportement monopolistique. Apple a nié ces accusations et a demandé l’abandon des poursuites.
Un appel à l’harmonie
Thierry Breton a souligné l’importance d’une réglementation numérique harmonisée entre l’UE et les États-Unis.
« Nous avons besoin d’une réglementation numérique similaire. Ce serait formidable d’avoir un marché numérique mondial. Pas seulement l’UE, pas seulement les États-Unis, mais l’UE et les États-Unis. »
Le commissaire européen a également souligné l’importance de cette collaboration à l’heure où les systèmes d’IA évoluent rapidement et présentent des risques potentiels. En réponse à ces préoccupations, le président Joe Biden a publié l’année dernière plusieurs décrets axés sur l’IA, exigeant notamment que les développeurs soumettent leurs systèmes à des tests de sécurité et mettant en œuvre des mesures pour lutter contre les fausses images profondes.
La nécessité d’une coopération transatlantique
Outre ces premières propositions, Thierry Breton a mis l’accent sur des valeurs partagées entre les Etats-Unis et l’Europe.
Cette coopération pourrait non seulement améliorer la réglementation technique, mais également renforcer la compétitivité des entreprises des deux régions sur le marché mondial. En d’autres termes, une réglementation harmonisée peut favoriser l’innovation, protéger les consommateurs et garantir une concurrence loyale.
Ce besoin d’harmonisation est également souligné par des investissements importants dans le secteur technologique à travers le monde. Par exemple, la Corée du Sud a récemment annoncé une enveloppe de 19 milliards de dollars pour ses propres sociétés de semi-conducteurs, soulignant l’importance stratégique du secteur.
Au-delà d’une prise de position politique, l’appel de Thierry Breton à une réglementation technologique harmonisée entre l’UE et les États-Unis constituerait une étape majeure vers la création d’un marché numérique mondial cohérent. Cette initiative a le potentiel non seulement de protéger les consommateurs et de favoriser l’innovation, mais également de renforcer la compétitivité des entreprises européennes et américaines. Une coopération étroite outre-Atlantique est essentielle pour surmonter les défis et les opportunités présentés par les technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle.