Il existe des intelligences artificielles capables d’écrire des articles, des scénarios de films et des livres. Il fallait donc quelqu’un pour composer de la musique. C’est le cas des Flow Machines, créées par le laboratoire parisien de Sony.
Date de sortie : 10/01/2016 – 08h30
Jusqu’à aujourd’hui, la star du producteur pop actuel s’appelait Max Martin, ou de son vrai nom Martin Sandberg. L’homme, un Suédois de 45 ans, chante des chansons comme « Everybody » des Backstreet Boys, « Baby One More Time » de Britney Spears, « It’s My Life » de Bon Jovi et » It’s My Life » de Taylor Swift. Il est l’auteur de chansons à succès telles que « Shake It Off ». Il en va de même pour « Can’t Feel My Face » de The Weeknd. Bref, c’est du lourd.
VOIR AUSSI : L’intelligence artificielle a écrit le scénario de ce film et c’est de la merde
Pourtant, Max Martin a peut-être de quoi s’inquiéter. Depuis 2012, le Laboratoire d’Informatique (CSL) de Sony, basé à Paris, travaille sur une intelligence artificielle capable de composer des chansons appelée Flow Machine. Et ces derniers jours, le titre pop « Daddy’s car » a retenu l’attention de nombreux médias, dont Quartz, qui est allé jusqu’à qualifier la chanson de « plutôt bonne ».
Oui, l’idée de la musique générée par ordinateur n’est pas nouvelle. En témoigne cet extrait audio récupéré par des chercheurs néo-zélandais du « premier enregistrement de musique générée par ordinateur » réalisé par le scientifique britannique Alan Turing en 1951.
Mais les machines ont parcouru un long chemin depuis. Pour créer le titre, Flow Machines s’est inspiré d' »une base de données de 13 000 partitions dans des styles variés, de Miles Davis à Morricone en passant par les Beatles », a expliqué François Pachet, directeur de Sony CSL, à Mashable FR. L’utilisateur commande ensuite la chanson depuis l’ordinateur en saisissant plus ou moins de critères. Le style, « rien d’autre qu’une série de chansons », la durée, la signature rythmique, et surtout les notes et accords pour « faire respecter » le flux. machine.
« Échapper au format pop de plus en plus étroit »
Cependant, « Daddy’s car » et « Mr. Shadow » n’ont pas été directement publiés par Flow Machines. Une fois la mélodie de base créée par l’ordinateur, le chanteur et compositeur français Benoît Carré (« Voyage en Italie » de Lilikubu, c’est de cela qu’il parlait) a pris le relais. « Ensuite, nous générons des stems audio pour explorer la direction artistique de la chanson, nous permettant ainsi de compléter le morceau en fonction de nos préférences », explique Benoît Carré à Mashable FR. Il ajoute également des paroles et sa propre voix. Par exemple, « La voiture de papa » a nécessité deux jours de production « humaine » pour arriver au résultat final.
En 2017, Sony CSL prévoit de sortir « plusieurs albums » composés par Flow Machines, dans le but bien sûr de mettre ces instrumentaux à la disposition des artistes de Sony et d’autres labels musicaux. Et si certains peuvent y voir le risque que toutes les musiques se ressemblent un peu, Benoît Carré a une idée tout à fait inverse : « Flow Machine est une approche de plus en plus étroite de la pop, c’est un formidable outil pour casser les formats d’un utilisateur. Dans cette perspective, je pense que l’IA nous permet d’explorer d’autres formes de musicalité plus audacieuses. »
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ? Dites-le-nous dans les commentaires.