Les ventes de logements neufs dans la Métropole de Bordeaux devraient chuter de 60 % en 2023 et les entreprises du bâtiment sont de plus en plus sollicitées sur leur trésorerie. Le Tribunal de Commerce de Bordeaux a constaté une hausse de 56% des faillites d’entreprises du BTP au dernier trimestre 2023 par rapport à fin 2022. Cette tendance est alarmante et s’accélère à tel point que ce lundi 13 mai, la Région Gironde a accueilli une délégation d’une soixantaine de TPE et PME membres de la Fédération Française d’Architecture pour mener diverses actions. Nous leur avons fait connaître l’existence de l’outil. La prévention. « Le secteur de la construction est l’un des principaux fournisseurs des entreprises en recours collectif, avec l’hôtellerie-restauration et le commerce », a reconnu le président de la Cour, Mark Saraun, qui a réaffirmé : « La clé pour sortir de cette situation, c’est l’anticipation !
Immobilier : le nombre de permis de construire au plus bas depuis 30 ans
Cependant, sur le terrain, les conditions des chantiers sont souvent déroutantes tant pour les prestataires que pour les clients. Akprim a été mise en redressement judiciaire en mars dernier, après la liquidation d’Anthelios fin 2023. Le promoteur immobilier bordelais, fondé en 2011, cherchait début 2023 à lever le capital d’une filiale dédiée à l’expérimentation Vertiport, mais il s’est avéré début février qu’il était en défaut de paiement. Le manager Laurent Mathioron ne souhaite pas commenter les procédures en cours, mais il n’est pas le seul promoteur à connaître des difficultés.
« Sujets d’actualité en 2024 et 2025 »
« Il n’y a pas de programme qui n’entraîne le dépôt de bilan d’au moins deux entreprises. On ne sait même pas combien de temps durera le projet… » confesse Jérôme Gozet, directeur général adjoint de La Fave Bordeaux Métropole depuis 10. années. La corporation municipale a été créée en 2012 pour faciliter la construction de 50 000 logements à très long terme. L’entreprise a annoncé qu’elle fournirait 700 logements en 2024. L’objectif était tombé à seulement 460 unités. « Cela montre un niveau d’incertitude, et on ne sait pas si on peut le compenser en termes de calendrier », s’inquiète Jérôme Gozet.
Philippe Ronde, président de DomoFrance, s’est fait l’écho de ce sentiment, décrivant une « crise indéniablement violente, grave et permanente qui se transforme tôt ou tard en marmite à pression sociale ». Les bailleurs sociaux verront également le nombre de logements agréés et construits divisé par deux, pour atteindre moins de 900 logements d’ici 2023.
Les nouveaux logements vont-ils entraîner des pertes d’emplois en Gironde ?
Il a fallu trois ans au propriétaire foncier pour construire 15 petites maisons près de Libourne car les entreprises opérant sur le site ont fait faillite cinq fois de suite. « La disparition en cascade des entreprises sera un sujet brûlant pour toute la filière en 2024 et 2025, avec le risque énorme que la faillite d’une entreprise ou d’un client en entraîne trois ou quatre autres », s’inquiète un autre promoteur immobilier girondin. Face à ces enjeux et retards de construction, les bailleurs et les promoteurs immobiliers de la société sont tous logés à la même enseigne. Cependant, ce dernier a beaucoup moins de liberté que le premier pour rogner sur les raccourcis et sécuriser les terrains du point de vue des flux de trésorerie. Des géants comme Nexity, Bouygues ou Vinci ont annoncé des plans de licenciements et de départs volontaires.
Et les promoteurs régionaux ont été contraints de réduire drastiquement leurs effectifs. « On constate une baisse des effectifs chez les promoteurs et leurs sous-traitants entre -30% et -50%. Ce n’est pas surprenant puisque les mises en chantier sont au plus bas depuis une décennie Pierre Vital, président des promoteurs immobiliers régionaux Nouvelle Aquitaine. » Fédération, a fait cette annonce. « Un tiers des programmes immobiliers lancés ont échoué. Par prudence, les banques maintiennent la pré-crise médicale en demandant 50% de prévente contre 1/3.
Cette réalité transparaît déjà dans les chiffres de la Fédération Aquitaine, dont le président, Henri Lourdes Rochebreve, affirme : « Le secteur de la construction est difficile par rapport à la moyenne générale, mais pas catastrophique ». A fin avril 2024, le nombre de comptes dans ce secteur a diminué de près de 3%, alors que la structure économique générale est restée quasiment stable (-0,32%). L’emploi a suivi une tendance similaire, l’emploi dans la construction ayant diminué de 2 % sur un an au quatrième trimestre 2023, mais stable (+0,2 %) dans tous les secteurs.
équilibre instable
Les acteurs publics sont donc également contraints de s’adapter pour continuer à produire de nouveaux logements. Les Fabs doivent réduire leurs ambitions, notamment en matière de diversité. « Si nous voulons réaliser l’opération, nous avons l’obligation de démolir le bâtiment et de le diviser en logements sociaux et en un programme privé qui sera probablement ouvert au public un jour, mais nous ne savons pas quand ce sera le cas », a indiqué la société d’exploitation. Au total, 10 000 logements sont prévus au cours des prochaines années. Cependant, il n’est plus en mesure de révéler ses projets de naissance. Chez Domofrance, cette tension conduit à des arbitrages entre construction neuve et rénovation d’isolation des bâtiments existants. Et Philippe Rondot a milité pour plus de liberté pour générer ses propres fonds en vendant certaines de ses actions existantes.
Dans ce contexte, la Banque des Territoires souhaite accompagner les organismes HLM. « Nous avons quasiment restructuré la dette de tous les propriétaires fonciers. Ce n’est pas une mauvaise chose, c’est une adaptation qui nous permet de continuer la production », estime Annabelle Viollet, directrice de la Banque de Nouvelle Aquitaine. La filiale banque dépositaire a également réinjecté du capital dans des bailleurs sociaux comme Aquitanis et Gironde Habitat en novembre dernier.
Immobilier : le nombre de permis de construire au plus bas depuis 30 ans
Dans ce contexte, les banques territoriales ont également été exposées aux demandes des collectivités locales. L’établissement financier public a augmenté ses prêts aux collectivités de 47% en 2023 en région Nouvelle-Aquitaine. Il devient de plus en plus difficile d’obtenir des prêts et les délais de prêt s’allongent. « Dans le secteur de la construction, on constate à tous les niveaux que les horaires changent et que les coûts augmentent pour tout le monde. La commande publique tient le marché », estime Annabelle Violet.
Reste qu’en tant que promoteur, Pierre Vital tente de relativiser les enjeux rencontrés sur les chantiers. « Il existe de nombreuses entreprises disponibles, donc si vous avez un problème avec votre fournisseur de services, vous pouvez obtenir des réponses immédiatement et choisir l’entreprise qui vous fournira le bon service. Il n’y a pas si longtemps, cela n’était pas possible. » …. mais c’est la réalité. Des retards persisteront à moins qu’ils ne puissent être prédits. » Et compte tenu de l’inaction du gouvernement, cette situation risque de perdurer. Aucun des experts interrogés ne voit à ce stade le bout du tunnel.