Après la sortie du dernier film Mission : Impossible, je me suis retrouvé à dîner avec deux de mes amis et un producteur de film que je ne connaissais pas. On parle tous du film qu’on vient de voir et du visage de Tom Cruise qui ne ressemble visiblement plus à rien d’autre. Et le très sympathique producteur rit et dit : « Je suppose que j’ai un peu trop insisté sur le pass beauté. » « Quoi? », lui demandons-nous au concert. « Pass Beauté ! Vous ne connaissez pas le Pass Beauté ? « Non, nous ne comprenons pas. Qu’est-ce que c’est ? » Alors elle nous a expliqué : « Non, nous ne comprenons pas. « Ce sont des logiciels qui existent depuis plusieurs années et qui nous ont permis d’avoir des traits du visage extrêmement détaillés. De nombreuses actrices exigent désormais que leurs contrats comportent un Pass Beauté sur ce film. D’abord en Amérique, mais aussi en France. » Et elle laissez-moi vous parler de quelques secrets de l’industrie. Ceux qui réclament systématiquement des modifications du nez, ceux qui réclament l’élimination des cicatrices, etc.
Eh bien, j’avoue que j’ai été un peu surpris.
Ne pas savoir que les visages changent dans les films n’a rien de nouveau. Mais je ne savais pas qu’il s’agissait d’un contrat et qu’il existait évidemment un logiciel permettant d’automatiser le travail. Et j’ai trouvé très drôle que l’industrie cinématographique, qui adore montrer ses prouesses techniques, reste silencieuse sur les outils qui rendent les gens plus beaux. Je me suis dit qu’il devait cacher quelque chose. Oh, ce n’est pas un grand secret, bien sûr, mais c’est probablement embarrassant. Parce que d’après ce que j’ai compris, ce sont les actrices qui sont plus concernées qu’autre chose. Et des actrices après un certain âge. De nos jours, il n’y a pas de quoi être fier.
Tout cela me trottait dans la tête. Quelques jours après ce dîner notamment, un de mes amis m’a envoyé une capture d’écran d’une page du livre. Un livre de conversations entre la réalisatrice Catherine Breillat et la grande critique de cinéma Muriel Judet. À la fin du livre, les deux discutent du dernier film de Breyer intitulé « Last Summer », qui sortira en 2023. Il dépeint une histoire d’amour passionnée et scandaleuse entre un jeune garçon et sa belle-mère. Rhea Drucker joue la belle-mère. Et voici les extraits de l’interview que ma copine m’a envoyé. Catherine Breyer dit : « Il y avait une autre actrice que nous voulions jouer dans ce film, mais elle était trop jeune et trop énergique. Le rôle nécessitait une surdose d’âge qui a vraiment touché Rhea. Nous avons adoré les traits du visage de l’actrice. Les coloristes font cela quotidiennement, et on dit qu’ils ne font pas mal aux yeux et nettoient les pores de la peau. En tant que spectateurs, nous sentons la respiration de notre peau, même si nous ne le savons pas, et ces masques enlèvent l’émotion, même à un niveau infini, des rides. , toutes ces choses ajoutent à la beauté.
En lisant ce passage, je me suis dit : « Tout est compliqué ». La « beauté » ne semble pas être une simple manifestation des injonctions sociales attribuées au cinéma ou des névroses des actrices. C’est tout à fait vrai, mais il y a aussi un mélange de questions d’esthétique et de narration, et de questions de réception qui ne convergent pas nécessairement de la part des différentes personnes participant au film. Et au cœur du problème se trouve le numérique. Parce que le numérique offre ces possibilités.
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Podcast de Xavier de la Porte
Réalisé par Fabrice L’Aigle
Mélange, Basilic Beaucaire