L’intégration de la radiodiffusion publique n’est plus un tabou. Elle pourrait même être annoncée d’ici le 1er janvier 2026, dans le cadre d’un projet de loi qui sera ouvert au Parlement le 23 mai. Décryptage.
Delphine Hernot Cunci (Présidente de France Télévision), Sybil Weil (Présidente de Radio France), Marie-Christine Zaragos (Présidente de France Media Monde), 2018.Photo Romuald Menu/Sipa
Publié le 13 mai 2024 à 6h30.
Mis à jour le 13 mai 2024, 11h11
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Cinquante ans après la fin de l’ORTF, de nouveaux rassemblements de masse des médias publics deviennent de plus en plus évidents. Un chapitre important commence le 23 mai. Les législateurs examineront d’abord un projet de loi « portant la réforme de l’audiovisuel public et la souveraineté audiovisuelle ». La loi Lafon, adoptée par le Sénat il y a un an, porte le nom du sénateur du Val de Marne (UDI) et sera utilisée par France Télévision, Radio France, France Médias Monde et l’Institut national. La société propose une fusion dans le forme de société holding. Audiovisuel (INA). « Ensemble, soyons plus forts », argumente Laurent Lafont, justifiant la nécessité de réformes pour faire face à la concurrence accrue du secteur privé et la nécessité de s’adapter aux défis technologiques.
Un vaste projet qui est à peine évoqué, voire pas du tout, abordé dans ce texte de 28 pages et 15 articles. Cela marque surtout la création d’une nouvelle institution, les Médias français, à la tête de laquelle se trouve un patron nommé par arrêté du Président français. République, avec les recommandations du Conseil d’Administration et les conseils de l’Arcom.
vieux serpent de mer
Il est toutefois difficile de savoir avec certitude à quoi ressemblera le texte au cours des discussions. D’autant plus que ce projet est un vieux Sea Serpent et non la première itération. En 2017, le président Emmanuel Macron avait exprimé sa volonté de « déclencher une révolution » à la télévision publique, mais avait ensuite qualifié cela de « honte nationale ». Actuellement en cours d’exécution. Et il est mené à un rythme soutenu par Rashida Dati, qui en a fait une priorité depuis sa nomination au ministère de la Culture en janvier 2024. « Avoir une gouvernance unique, fusionner, promouvoir la coopération, créer des synergies… c’est un objectif que nous devons tous avoir », a-t-elle déclaré devant la commission sénatoriale de la culture en mars.
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Deux mois plus tard, nous y sommes. Comprend également un projet de fusion. Le ministre a trouvé un allié de choix en la personne de Laurent Lafont. La sénatrice a souligné qu’elle s’était peut-être inspirée d’un projet de loi de Frank Riester, qui fut ministre de la Culture (UDI) de 2018 à 2020, ajoutant : « Elle n’a aucune idée de comment tout cela va se faire. » Même si cela reste. pareil, cela a donné un coup de fouet à ce dossier. » , l’enquête sur ce texte a été interrompue par le Covid. Il est actuellement dépassé par la détermination et la capacité d’improvisation de Rashida Dati. Il a surpris tout le monde en annonçant que la « holding opérationnelle serait idéalement finalisée d’ici le 1er janvier 2025 » et la fusion « d’ici 2026 ». Le gouvernement a finalement présenté l’amendement le 1er janvier 2026.
Civil Vale s’oppose à la fusion
La série d’annonces précipitées après des années de troubles a surpris le personnel de la radiodiffusion publique. « La question n’est plus de savoir si on est dans un mythe, mais quand et comment cela va se produire », résume Pierre Muschel, patron du SNRT CGT à la Télévision française (FTV). Fin avril, lors d’une réunion du Comité Stratégique Social et Economique (CSE) du Groupe, Delphine Arnotte Kunci, présidente de FTV depuis 2015 et susceptible de devenir super-présidente de la holding, a fait cette déclaration : Projet de fusion », a expliqué Antoine Chuzeville de FTV SNJ, confirmant la date à 2026. Ce calendrier épatera même vos employés. « C’est totalement irréaliste et pourrait faire obstacle à toute avancée positive », estime Laurent Lafont, en désaccord avec le ministre sur ce point. Le sénateur refuse actuellement de discuter de la fusion. « Attendons de voir ce qui se passera avec la création d’une holding avant de réfléchir à la suite », a déclaré le président français, qui est également membre du conseil d’administration de Radio France. Si la PDG Sybil Vale s’est déclarée favorable à une coopération plus poussée, elle était clairement hostile à l’idée d’une fusion.
La ministre de la Culture Rashida Dati souhaite accélérer un projet de réforme de l’audiovisuel public, attendu depuis longtemps.Photo Dennis Allard/Rextra, via opale.photo
Même si les notes de la fonction publique sont positives et si des économies ont été réalisées au fil des années, il est difficile pour les services de comprendre l’urgence de cette réforme, d’autant plus qu’elle est rarement justifiée. «Pourquoi maintenant et pourquoi si tôt?», déplore un journaliste de La Maison Ronde, où les employés parlent d’expérience. Un projet commun entre la radio et la télévision publiques n’a pas attendu cette réforme pour voir le jour. Comme la chaîne de télévision Franceinfo, elle est diffusée sur le canal 27 de la TNT depuis 2016, avec moins de contraintes d’antenne et de coopération numérique. « En raison de la lutte d’influence entre les deux PDG, les choses ne vont pas bien ou très mal entre les deux rédactions », explique le journaliste radio. L’impression générale est que France Télévisions est dans une relation maître d’œuvre-sous-traitant. Nous ne nous sentons pas respectés », résume-t-il. Le sentiment d’injustice a été encore exacerbé par la santé de la radio, troisième chaîne de France avec une audience cumulée de 8,5%, bien supérieure à la télévision (avec une note de 0,8%, elle est loin derrière les autres chaînes de diffusion). Récemment, un projet de diffusion d’une vidéo radio « tôt le matin » (de 5h à 7h) sur la TNT a occupé l’équipe, avec des tests grandeur nature qui se dérouleront pendant un mois à partir de fin 2023. Quelques jours avant son lancement officiel, le projet a été reporté sine die par France Télévision en invoquant des problèmes de financement, provoquant beaucoup de frustration.
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Quels fonds ?
Un autre laboratoire de ces synergies est le regroupement des agences régionales France Bleu et France 3 sous la marque commune « ICI ». Lancée il y a moins de deux ans, cette « offre régionale » n’a pas été facilement mise en pratique. « Le risque d’une dévalorisation de la télévision en cas de règlement est clair, résume Delphine Merlot, secrétaire générale de SUD Radio France. Le fait que le nom de France Bleu disparaisse alors que France 3 conserve finalement sa marque au niveau national ressemble déjà à une promesse initiale non tenue.
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Quoi qu’il en soit, le temps presse. Car une autre urgence doit être résolue : le financement. Depuis la suppression des redevances en août 2020, les budgets de la radiodiffusion publique ont été sécurisés grâce à une partie de la taxe sur la valeur ajoutée. Solution provisoire jusqu’à fin 2024. Pour être durable, il doit être inscrit dans la loi organique. D’éventuels amendements seront à l’ordre du jour du Parlement en septembre. Et Rashida Dati propose un paquet de ressources « sanctuaires » pour les holdings. « Nous sommes confrontés à une sorte de chantage. Si vous acceptez de vous unir, nous vous fournirons des fonds », a expliqué Serge Cimino au SNJ de FTV. Le débat à venir s’annonce tendu. Le syndicat a annoncé une grève de grande ampleur les 23 et 24 mai. Des personnels de la radio et de la télévision devraient défiler devant l’Assemblée nationale.