Pierre Fitzgibbon a développé un double discours, jonglant avec de multiples rôles ministériels : économie, innovation et énergie. (Photo : avec l’aimable autorisation)
« LES CLÉS DE LA CRYPTO » est une rubrique qui décrypte patiemment le monde des cryptomonnaies et ses bouleversements boursiers, industriels et médiatiques. La mission de François Rémy est d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décrypter les avancées technologiques et de prédire l’impact industriel et social de cette monnaie numérique.
(Illustration : Camille Charbonneau)
La clé du code. Pierre Fitzgibbon vise juste. L’industrie du Bitcoin appartient au passé. Le ministre de l’Économie du Québec, toujours économe en électricité, souhaite réserver l’énergie aux centres de données qui alimentent l’intelligence artificielle. Un secteur stratégique mais énergivore.
La monnaie virtuelle est-elle assiégée ? Une guerre fiscale faiblement déclarée par le ministre des Finances du Québec, suivie d’un blocus énergétique subtilement reconnu par son rival politique, son frère politique. Je n’ai plus besoin de Bitcoin ou d’une entreprise.
Répondant récemment à une question du député Gregory Kelly au Parlement, les ministres de l’Économie de la CAQ ont dû répondre au phénomène de « pénurie d’énergie » observé dans les régions où se développent des industries à forte intensité énergétique comme l’intelligence artificielle (IA).
« Eh bien, c’est compliqué », a rapidement expliqué Pierre Fitzgibbon avant de relativiser. « Vous vous souvenez quand on a décidé d’oublier les cryptomonnaies ? On ne parle pas de la même chose, mais c’est toujours d’actualité. Clairement, la montée en puissance des cryptomonnaies est suffisante. » Construire un data center était attractif car stable en termes de puissance et bien. géré avec un surplus d’énergie hydroélectrique.
Il a un peu de puissance mais coûte cher
Depuis six ans, cette entreprise publique a dû introduire diverses conditions commerciales et ainsi gérer la « crise du Bitcoin » pour devenir indésirable aux yeux de l’écosystème des cryptomonnaies.
Pour mémoire, au printemps 2018, Hydro-Québec a été inondée d’un nombre de demandes de raccordement que nous avons jugé trop élevé. La quantité théorique nécessaire pour répondre à ces nouveaux besoins (18 000 mégawatts) équivalait à la moitié de la consommation totale de l’État. Les sociétés énergétiques et leurs actionnaires, au fil des gouvernements successifs, n’ont pas vu leur plaisir complètement ignoré et l’idée a été de fixer des normes minimales pour l’approvisionnement en énergie à des prix élevés.
La stratégie a-t-elle fonctionné ? Surtout depuis que l’ère de l’énergie abondante est révolue. Et pendant ce temps, le gouvernement Legault était « surpris » par la pénurie d’électricité. « Clairement. Hydro-Québec aussi. Le projet industriel n’a pas été bien planifié », a déclaré le ministre de l’Économie lors d’un événement organisé par Canada Circle.
Prioriser les projets ayant des retombées économiques
« Nous sommes très économes maintenant. La liste de 13 000 MW comprend des projets de centres de données », a déclaré le ministre Fitzgibbon aux députés. Comme pour la gestion des fichiers cryptés, Québec a déclaré prioriser les projets pouvant générer le plus de retombées économiques. « L’augmentation de la puissance de calcul représente les ordinateurs dont la région aura besoin pour alimenter l’IA des applications d’entreprise. »
Si l’exécutif provincial s’annonce très favorable aux secteurs énergivores censés alimenter l’IA québécoise, il n’y a actuellement aucune évaluation de la quantité d’électricité nécessaire ni des externalités environnementales. Le seul chiffre exprimé est le montant des investissements qu’Ottawa envisage d’investir dans l’intelligence artificielle et imaginé par Pierre Fitzgibbon. Ma première réaction lorsque j’ai entendu cela a été : Je veux ça au Québec. Je veux donc que tous mes investissements soient au Québec. »
Les problèmes sociaux ont un impact plus important que prévu
Pierre Fitzgibbon développe un double discours, jonglant habilement avec ses multiples responsabilités ministérielles : économie, innovation et énergie. L’un réclame une bonne gouvernance au Québec en matière de fiabilité et de sécurité des approvisionnements énergétiques, et l’autre mise sur le cheval de bataille de l’innovation même face aux pénuries d’électricité.
Même si l’expertise nationale en matière d’intelligence artificielle n’est plus à prouver, l’agenda politique de l’IA semble surfer sur le tsunami médiatique qui afflue depuis la publication d’un chat GPT. De même, les décideurs politiques soutiennent que l’écosystème Bitcoin est une industrie qui gaspille de l’énergie et nuit à la planète. Les machines qui génèrent des idées, des images et des sons sans assistance humaine ont un impact nettement plus positif sur la société que les machines qui créent la confiance entre les individus pour échanger de la valeur.
L’un des défis de l’adoption généralisée des actifs numériques, retardée par les actions ou inactions de nombreux pays, réside dans la reconnaissance de la consommation électrique du minage des cryptomonnaies. Cette activité, qui peut ne pas être considérée comme immédiatement utile, contribue au maintien de la sécurité et de l’intégrité des réseaux décentralisés et des blockchains. Cependant, cette énergie ne sera pas gaspillée et sera investie dans la construction de nouveaux systèmes commerciaux potentiellement plus sûrs et démocratiques.
Sans compter les efforts constants de l’industrie des cryptomonnaies pour décarboner ses infrastructures, réduire sa consommation et augmenter sa part du mix en faveur de ces énergies renouvelables qui sont chères à (Hydro)Québec. Un effort facilité par la mécanique même de la technologie Bitcoin.
Certains acteurs de la crypto se feront un plaisir de pousser le débat technique jusqu’à vanter les avantages des crypto-monnaies et de la blockchain en termes de programmabilité, d’évolutivité et même de rentabilité du réseau électrique. Pouvez-vous croire que le monopole énergétique du Québec et les dirigeants provinciaux l’ignorent complètement? Je pense que l’IA peut aussi l’expliquer…
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