David Popovich remporte l’or au 200 m nage libre lors des JO de Paris le 29 juillet 2024 à la Paris La Défense Arena de Nanterre. Jonathan Knackstrand/AFP
La dernière fois qu’on a repéré un physique ressemblant au Roumain David Popovic, vainqueur du 200 m nage libre lundi 29 juillet, c’était dans un tableau de Toulouse-Lautrec. Il représente Valentin le Désossé, danseur et acrobate au Moulin Rouge. Mince, presque maigre, le Roumain, à l’image de la personnalité élancée du peintre, est un être squelettique, fait d’une matière à la fois souple et ambiguë, presque caoutchouteuse et vertébrée. C’est un spécimen que j’hésite à classer.
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David Popovich fêtera ses 20 ans le 15 septembre. Sur Terre, son corps semble imparfait, comme celui d’un adolescent en pleine croissance, un imbécile qui doit constamment ajuster l’ourlet de son pantalon. Sa démarche est empruntée et son visage hagard. Cela semblait inhabituel dans le starter block de Paris La Défense Arena. Pesant 1,90 mètres et 79 kilogrammes, il était mouillé de la tête aux pieds, et avec une envergure de 2,05 mètres, il était aussi mince que les autres joueurs en forme de V. Une vieille publicité satirique pour un appareil d’exercice qui montrait aux gens avant et après avoir utilisé l’appareil.
Mais une fois dans l’eau, soumis à une poussée vers le bas égale au poids du volume déplacé, ce même corps devint un modèle de grâce. J’ai traversé les vagues avec un crawl soyeux. Il a glissé dans l’eau sans déranger une seule particule à la surface. Les coups ont été si violents que les voisins du couloir ont soupçonné sa présence. David Popovich n’impressionne la concurrence que par son talent.
scoliose précoce
Sa forme est sur le point de changer et de révolutionner la nage rapide. Jusqu’alors, il était l’incarnation du pouvoir, un sprinteur et un bodybuilder respecté comme l’Américain Caleb Dressel et le Français Florent Manadou. Et voilà tous les Goliath chatouillés sur 200 mètres et 100 mètres par ce David épais comme du pudding aux pruneaux. Grâce à ce Roumain, les experts redécouvrent que la fluidité est autant associée aux avantages de la vitesse que les montagnes de muscles entraînées en salle de musculation.
Contrairement aux apparences, David Popovich est autant fait d’os que d’eau. C’était même la colonne vertébrale qui l’emmenait à la piscine. Quand il avait 4 ans, ses parents Mikhail et Georgita ont commencé à nager pour soigner sa scoliose précoce. L’enfant s’ennuie dans l’eau. Il utilise le moindre prétexte pour s’enfuir.
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À l’âge de neuf ans, il rencontre un homme qui va changer sa vision du sport et, par hasard, changer sa vie. Adrian Radulescu est un jeune entraîneur, un intellectuel à lunettes, docteur en éducation physique et auteur d’un article sur « Les efforts physiques des nageurs adolescents ». Il reprend ce pari obstiné, mais quand il réussit, il fait preuve d’un tempérament hors du commun. Son entraîneur a la prévoyance de ne pas chercher à changer la forme du champion et d’essayer d’adapter le crawl à ce corps au lieu d’essayer d’adapter ce corps au crawl.
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