En janvier 2024, à Davos, une étude publiée par le Forum économique mondial et le McKinsey Institute for Health Research mettait en lumière les disparités en matière de santé entre les hommes et les femmes. Cela démantèle l’idée préconçue selon laquelle les femmes sont en meilleure santé que les hommes simplement parce qu’elles vivent plus longtemps. Il montre également que 95 % des besoins de santé des femmes ne sont pas liés à la reproduction. Il ne suffit donc pas de se concentrer sur les pathologies liées à la reproduction pour réduire les disparités en matière de santé entre les hommes et les femmes.
Réduire ces inégalités améliorerait non seulement la vie de 4 milliards de femmes dans le monde, mais pourrait également augmenter le PIB annuel de la France de plus de 36 milliards de dollars d’ici 20402. Pour y parvenir, nous identifions deux pistes d’action principales.
Accélérer la recherche et sensibiliser le système de santé à la singularité des femmes
Les femmes ne sont pas des modèles réduits pour les hommes. Cependant, cette évidence est peu reflétée dans la recherche scientifique et médicale. Dès les premiers stades de l’expérimentation animale, les modèles de recherche ont donné la priorité aux spécimens mâles et, même si la participation des femmes aux essais cliniques progresse, elle reste insuffisante pour atteindre l’équivalence. Bien qu’il ait été démontré que le sexe influence les causes, les symptômes et la prévalence de la maladie, seule la moitié des études incluent le sexe comme critère. Cela peut conduire à une sous-estimation des problèmes de santé des femmes et affecter l’efficacité des traitements qu’elles reçoivent.
Il est également important de favoriser la mise en œuvre de soins adaptés aux caractéristiques de chaque sexe en renforçant la formation dans ce domaine. Par exemple, les symptômes des maladies cardiovasculaires diffèrent entre les femmes et les hommes et sont souvent moins reconnus chez les femmes. En France, le taux de mortalité associé à ces maladies est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes, soulignant la nécessité d’une approche plus ciblée et plus informée.
Nous avons besoin de davantage d’investissements dans la santé des femmes
Le marché de la santé des femmes n’est pas un marché de niche. Il existe d’importants besoins non satisfaits qui présentent d’énormes opportunités pour les parties prenantes qui investissent dans cet espace. Par exemple, l’endométriose, qui touche environ 1 femme sur 10, a un coût potentiel d’environ 180 à 250 milliards de dollars dans le monde, ce qui est comparable aux dépenses annuelles mondiales dans les principaux domaines thérapeutiques.
En France, les progrès récents ouvrent des perspectives prometteuses. C’est le cas du remboursement prévu des tests salivaires pour le diagnostic de l’endométriose en 2025. Il reste néanmoins nécessaire d’accélérer les investissements.
Une approche écosystémique essentielle
Pour lutter efficacement contre les disparités entre les sexes en matière de santé, une approche écosystémique impliquant les institutions, le secteur privé, les investisseurs, les décideurs politiques et les organisations philanthropiques est essentielle.
En travaillant en étroite collaboration, nous pouvons tous sensibiliser aux disparités entre les sexes en matière de santé et susciter des changements qui profitent à tous. C’est le fondement d’un avenir plus sain et plus prospère pour la société dans son ensemble.
Marie Bousson et Timothy Fresse sont directeurs associés chez McKinsey France et directeurs du McKinsey Health Institute à but non lucratif en France.