Malgré des tensions et des désaccords sur son contenu, la Commission parlementaire d’enquête sur les fréquences de télévision a adopté mardi 7 mai 2024 le rapport du vice-président de LFI Aurélien Sentour. Plusieurs membres de la commission ont appris qu’il serait annoncé le 14 mai.
Des élus de la majorité présidentielle avaient appelé l’opposition à retirer certaines des 47 propositions jugées trop anti-CNews, C8 ou trop hors sujet. Aurélien Sentour a ensuite dénoncé des « intimidations » et des « tentatives de censure ». Il s’est félicité après le vote d’une « victoire rebelle ».
Le président de la commission d’enquête, Quentin Bataillon (Renaissance), a déclaré à l’AFP avoir trouvé une solution « sans précédent ». « Sur les 47 propositions, les neuf que nous avons jugées inacceptables seront présentées comme propositions personnelles du rapporteur. » Une majorité de présidents ne les soutiennent pas.
Ces propositions « interrogent l’avenir de la TNT », notamment la suppression du modèle de chaîne payante du groupe Canal+. Une autre proposition, selon Quentin Bataillon, « porterait atteinte à la liberté de la presse » puisqu’elle suggérerait l’abandon des rédactions sur les chaînes d’information. Le rapport a été adopté grâce aux votes de la gauche et de certains macronistes, tandis que d’autres députés se sont abstenus.
audition semestrielle
La commission, initiée par LFI, s’emploie depuis six mois à réunir le régulateur de l’audiovisuel Arcom, les patrons de plusieurs chaînes publiques et privées et les présentateurs stars de C8 et CNews, comme Cyril Khanouna et Pascal Proud I. demandé votre avis.
Au menu du rapport final figurent des questions de gestion des canaux, des sanctions accrues en cas de non-respect des obligations, et encore une fois la question du pluralisme.
Aurélien Sentour, un député conservateur bien connu, envisage de soumettre deux rapports au tribunal après avoir examiné des documents et interrogé des responsables de chaînes, sans donner de détails. Le milliardaire Vincent Bolloré a effectué une « inspection documentaire et une inspection sur place » à Canal Plus.
Il souhaite lui-même que les certifications TNT de CNews et C8, propriété de Canal+, ne soient pas renouvelées. À ses yeux, ils vivent « d’abus » et « selon les règles ».
tension croissante
CNews est la deuxième chaîne d’information continue en termes d’audience, derrière BFMTV. Lors de l’audience, les dirigeants du groupe Canal+ ont affirmé qu’ils étaient « de bons élèves dans toutes leurs fonctions ». Cyril Hanouna, dont la chaîne C8 a été sanctionnée par Alcom pour 7,5 millions d’euros, a dénoncé la « impitoyabilité » de ses émissions.
Dans une intervention publique inhabituelle, Vincent Bolloré s’est engagé à ne pas interférer sur le contenu et a nié vouloir promouvoir « l’idéologie » d’extrême droite dont il est régulièrement accusé.
Aurélien Sentour tiendra une conférence de presse le 14 mai, peu après, Quentin Bataillon annoncera la proposition de campagne présidentielle. Les tensions s’étaient installées entre les deux hommes depuis plusieurs semaines.
Fait marquant, Quentin Bataillon est venu début avril sur le plateau de Cyril Hanouna, où il a critiqué un animateur concurrent, l’animateur du Kotidien (TMC), Yan Barthes, pour lequel il auditionnait également. Résultat, le représentant choisi par la majorité a été fortement réprimandé par le camp présidentiel, et les gauchistes ont également exigé sa démission.
Par coïncidence, les candidats aux 15 fréquences de télévision numérique terrestre (TNT) qui seront introduites cette année, dont C8 et CNews, doivent soumettre leur dossier de candidature au régulateur Alcom le 15 mai. L’autorité indépendante sélectionnera son titulaire cet été.