Bien qu’il ait été largement adopté par le Sénat le mois dernier, un projet de loi constitutionnel visant à étendre le droit de vote aux élections locales de Nouvelle-Calédonie a été débattu dans une atmosphère tendue, les ministres montrant parfois des signes d’enthousiasme. Intérieur, Gérard Darmanin.
Les tensions se sont intensifiées ce lundi alors que le Parlement commençait à examiner le document, avant un vote solennel prévu mardi matin. Il a même contraint Emmanuel Macron, par l’intermédiaire de ses collaborateurs, à promettre de ne pas convoquer le Parlement sur les « résultats » des votes des députés. Comment donner une dernière chance aux négociations entre les parties vers un accord global sur l’avenir de l’archipel. Ce dernier sera prochainement invité à Paris pour des « rencontres avec le gouvernement », a annoncé dimanche un collaborateur du président.
« Nous ne devons pas perdre de vue les avantages d’un document qui fixe un délai pour réintégrer le Parlement dans le Parlement. »
« Ce n’est pas en vain que le gouvernement rassemble tous les partis régionaux à Paris. Ce serait bien si l’on pouvait trouver une solution à travers cette conférence. Mais nous avons fixé un délai pour réintégrer le parlement au Parlement. perdre de vue les bénéfices de ce document : le gouvernement a besoin de temps pour dresser les listes électorales et organiser le vote, mais les élections doivent avoir lieu d’ici le 15 décembre 2024. « Non », rappelle François-Noël Buffet, président de la commission juridique LR.
En effet, le projet de constitution stipule que la réforme électorale entrera en vigueur le 1er juillet 2024. La loi organique fixe au 15 décembre la date limite pour la tenue des élections. Mais ces derniers mois, les réformes du corps électoral pour les élections locales ont exacerbé les tensions entre loyalistes et séparatistes qui peinent à trouver un consensus mondial sur l’avenir institutionnel de l’archipel. Trois référendums sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie se sont soldés par un « non », plongeant l’archipel dans une crise systémique, doublée d’une crise économique, notamment dans le secteur du nickel.
Les élections nationales sont un sujet de grande préoccupation car ce sont les États qui détiennent la majeure partie du pouvoir. La répartition des sièges dans les régions locales influence la répartition des sièges parlementaires. [le Parlement local], qui détermine le président du gouvernement calédonien. Ce week-end, les indépendantistes et leurs partisans se sont rassemblés en nombre dans les rues de Nouméa sur cette question de circonscription.
Que va faire la réforme ?
Depuis l’amendement constitutionnel de 2007 basé sur l’Accord de Nouméa de 1998, seules les personnes inscrites sur les listes électorales avant la date de l’Accord peuvent voter aux élections nationales. Le projet de constitution propose donc d’ouvrir les circonscriptions électorales à tous les peuples autochtones et à toutes les personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis au moins 10 ans. Selon les estimations du gouvernement, le nombre d’électeurs éligibles augmentera de 25 000 à mesure que la neige fondra. Sans réforme, des années de gel des élections auraient pour conséquence que près d’un électeur sur cinq serait exclu des élections, ce qui ferait courir le risque que les prochaines élections soient inconstitutionnelles. « Cette réforme est indispensable, sinon le moindre recours invaliderait une élection. Nous sommes actuellement tiraillés entre deux solutions concurrentes : soit en inscrivant dans la Constitution des éléments qui n’étaient pas couverts par l’accord, soit en respectant la règle démocratique selon laquelle les élections locales ne peuvent avoir lieu. reporté sine die. L’accord de Matignon garantissait la stabilité pendant 40 ans. Le scénario prévu a expiré après trois référendums. Il faut réécrire une page de notre histoire commune, et cela n’est possible que dans le cadre d’un accord global. connaît le sujet, analyse le problème.
L’exécutif et la majorité de centre-droit du Sénat s’accordent sur les conditions préalables. Les campagnes électorales locales ont durci les positions des deux côtés, posant ainsi un sérieux obstacle aux perspectives d’un accord mondial. «On imagine une forte légitimité émerger après les élections. Rappelons qu’avant l’accord de Matignon il y a eu une poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Thibau», souligne Philippe Bonnecaraire.
« L’erreur première a été de nommer Sonia Backes au gouvernement. »
Toutefois, reconnaissant que la date limite du 1er juillet pour mettre en œuvre les réformes pourrait être interprétée localement comme un ultimatum, le Sénat, sous la plume des rapporteurs Philippe Bass (LR) et François-Noël Buffet, a adopté des amendements visant à : Si un accord général était trouvé, il « desserrerait son emprise sur le débat » en permettant la suspension du processus électoral jusqu’aux dix derniers jours précédant le vote.
Car au Sénat, la démarche du gouvernement est critiquée par les élus du territoire. « L’erreur initiale a été de nommer Sonia Backes au gouvernement et de choisir deux députés non indépendants comme rapporteurs sur le projet de loi organique (Philippe Dunoyer) et le projet de loi constitutionnel (Nicola Metzdorf). C’est quelque chose que nous n’aurions jamais fait au Sénat », a-t-il ajouté. « , a reconnu le sénateur indépendant Georges Naturel (R-Gauche). Lors de l’examen du document, Robert Weeny, membre du cercle restreint de Robert Weeney, a exprimé sa crainte que les réformes conduisent à la marginalisation du peuple autochtone kanak de Nouvelle-Calédonie dans la répartition des sièges dans l’État. Il a également rappelé les demandes du FLNKS de retirer le projet de loi et de créer un comité de conciliation dirigé par une personne qui garantirait l’impartialité nationale.
Juste avant le vote solennel du document, les sénateurs de gauche ont été émus par une déclaration de l’ancienne ministre Sonia Backes, dirigeante loyaliste et présidente de l’État du Sud, aux « parlementaires tremblants ». « Si quelqu’un essaie de nous marcher dessus, nous ferons des dégâts ! », a-t-elle prévenu.
« Le gouvernement doit suspendre le projet de loi et reconsidérer toute la question. »
Dans une lettre adressée au président de la République, Patrick Kanner et Boris Vallow, du groupe PS au Sénat, ont appelé à « la mise en place d’une mission de dialogue » avec le Premier ministre comme garant. « C’est à Matignon que s’entretient la coordination interministérielle. Ce qui a empêché la guerre civile il y a 40 ans, c’est l’accord trouvé entre l’Etat, les sécessionnistes et leurs partisans », nous avons choisi d’aborder le sujet de la Calédonie depuis la marge. en abordant uniquement les questions de l’électorat. Cependant, le sujet de l’avenir de l’archipel est multiforme, ainsi que le sujet des questions économiques, notamment celles du gouvernement. Il faut arrêter le projet de loi et reconsidérer l’ensemble de la question », a déclaré le socialiste. le sénateur Rashid Temar.
Pendant cette période, plus de 200 amendements au texte du Parlement ont été déposés par les élus du Nupes. « Ces amendements incluent tout, mais si un seul passe, l’article reviendra au Sénat », s’inquiète Georges Naturel. « Ce serait choisir un maximum de complexité », ajoute Philippe Bonnecaraire.
Pour mémoire, avant que l’Assemblée nationale ne se réunisse à Versailles et qu’un amendement constitutionnel ne soit approuvé par les trois cinquièmes des députés, les deux chambres devaient adopter les mêmes termes, c’est-à-dire exactement le même article n° 1.