En décembre dernier, le groupe néo-industriel américain HEALTH sortait son cinquième album, « RAT WARS ». En excluant ses nombreuses collaborations sur des bandes originales de jeux vidéo et ses quatre albums collaboratifs/remix, il termine au numéro cinq. Cette nouvelle œuvre plaira sûrement aux amateurs de métal qui préfèrent les œuvres mêlant métal industriel et musique électronique EBM, tout en conservant de nombreuses touches progressives et atmosphériques qui valent le détour.
Invités par Trent Reznor de Nine Inch Nails lui-même, de nombreux curieux ayant visité le Hellfest 2022 ont pu découvrir la santé. En plus de leur set, HEALTH a même invité NIN sur scène pour une première live de leur chanson intitulée « ISN’T EVERYONE ». J’ai ensuite pu le revoir au Motocultor 2023 pour un spectacle son et lumière atmosphérique qui m’a vraiment marqué. C’est donc une sorte de joie de commencer à écouter ce nouvel album.
RAT WARS démarre avec « Demi Gods », un morceau électro-métal très progressif qui vous enthousiasme. Outre des passages plus ascendants, le morceau propose des riffs de guitare aiguisés qui contrastent avec la voix mélancolique de Jake Dudzik. Mais le plus distinctif de tous est la fin divine, où les sonorités orientales cèdent la place à un effondrement tout à fait mémorable. La guitare de cette chanson est jouée par Tyler Bates, connu pour avoir produit de grands films américains (300, Les Gardiens de la Galaxie, John Wick, etc.) et également célèbre comme l’est l’ancien guitariste de Marilyn Manson.
L’album continue avec des morceaux électro EBM (electronic body music) au son très agressif. « FUTURE OF HELL » se caractérise par un son électro très métallique et la présence d’une ligne de basse envoutante. Une composition simple et efficace en 2 minutes et demie. S’ensuit une chanson encore plus violente, probablement un hit de l’album HATEFUL, créé en collaboration avec l’artiste EBM Sierra. Les sons de synthé très synthwave de cette Française nous transportent littéralement dans des mondes sombres à la fois rétro, dystopiques et futuristes. De même, ‘DSM-V’, à l’influence industrielle évidente, mérite assurément le détour en fin d’album.
Bien entendu, si l’album reprend la production agressive d’EBM, cela n’enlève rien à l’influence métal du groupe, d’autres titres arborant des riffs de guitare métal très typés. Cela est particulièrement vrai pour « CHILDREN OF SORROW », qui utilise les sons de guitare de Willy Adler de Lamb Of God. La même démarche se retrouve dans la collaboration avec Godflesh, « SICKO », qui est peut-être un peu moins mémorable.
RAT WARS a soigneusement créé des transitions à la Pink Floyd et est très facile à écouter. Les chansons sont parfois liées par de courts intermèdes comme « (OF ALL ELSE) », offrant une continuation cohérente de « HATEFUL ». Idem pour « (OF BEING BORN) », une suite acoustique qui peut poursuivre le plaisir de « ASHAMED », un morceau électro plus mélancolique et ambiant.
Cela étant dit, deux pièces se démarquent définitivement des autres. « UNLOVED » est certainement le refrain le plus mémorable, sans oublier la ligne de basse de John Famiglietti, entraînante, sensuelle et qui nous transporte littéralement dans une ambiance de fête goth interdite. Autre chanson marquante, le final de l’album « Don’t Try », qui nous surprend par son calme ambiant et la mélancolie de la voix androgyne du chanteur. L’album se termine littéralement par quelques notes de guitare soulignées par un effet trémolo un peu minou mais très efficace.
RAT WARS est donc une proposition des plus intéressantes, mélangeant toutes sortes de sonorités musicales. Le groupe démontre une fois de plus sa capacité à superposer à la fois les sons metal et ambiants, encore renforcés par la présence d’un invité surprise. Rien d’étonnant à cela, HEALTH a l’habitude de ça…un album à ne manquer sous aucun prétexte !