Cindy soupira en montant sur le tapis roulant. « S’adapter à une activité physique me coûte 89 euros par mois… Ce n’est pas facile quand on sait qu’il y a beaucoup d’autres frais médicaux qui ne sont pas couverts. Mais le sport soulage mes douleurs. » Elle, beaucoup de patients du Neos Les centres de Brest y assistent à leurs frais. « Nous constatons que seul un petit nombre de patients sont indemnisés par les mutuelles et qu’il existe de grandes différences entre les contrats », explique Paul Cercleron, professeur d’activité physique adaptée. Certains patients ne reçoivent que 50 euros tout au long de l’année, tandis que d’autres sont remboursés jusqu’à 500 euros par an, mais c’est très rare. »
Certaines administrations et organisations locales peuvent octroyer des subventions. Toutefois, l’activité physique adaptée, disponible sur prescription depuis 2017, n’est toujours pas prise en charge par l’assurance maladie. « Il y a un effet d’annonce périodique, mais il s’atténue toujours à la fin », soupire Paul Cerclelon. Après deux documents qui n’ont pas réussi à résoudre cet épineux sujet du remboursement, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 introduit une nouveauté. Celui-ci permettra à certaines autorités sanitaires locales de financer des cours d’activité physique adaptés aux personnes suivant un traitement contre le cancer « à titre expérimental » pendant « deux ans ».
« Cela fait plus de 3 ans que j’attends le verdict !
«Je suis très, très mécontent», déclare le professeur François Carré, l’un des pionniers de la science française de la santé du sport. La Caisse nationale d’assurance maladie semble prête à prendre en charge une activité physique adaptée à des conditions médicales spécifiques. Les promesses ne sont pas tenues ! » Pour ne rien arranger, près de cinq mois après le vote du document, aucune mesure exécutoire concernant cette simple « expérimentation » n’a encore été annoncée.
« Nous avons beaucoup de mal à expliquer ce blocage », s’est plaint Belkiir Belhaddad, membre du parti Renaissance. J’attends également depuis plus de trois ans un statut de remboursement pour les diabétiques. Il est presque antidémocratique de voir ces documents ne pas aboutir. » Dans une brève réponse, le ministère de la Santé a suggéré au Télégramme que les dispositions d’application de la loi 2024 font l’objet d’un « travail de réflexion » et devraient être publiées « d’ici la fin du premier semestre 2024 ».
Selon plusieurs études, une activité physique adaptée aurait un effet positif sur le moral des patients. (Photo Vincent Le Garn)
« C’est ennuyeux », déplore le Dr Sophie Cha, qui coordonne depuis huit ans le programme sport et santé en Bretagne. On m’a dit que cette assurance rembourserait les patients atteints de diabète, de cancer et même de maladies cardiaques. Et au dernier moment, dans le pataras, on revient sur l’expérience de l’ARS, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en France. Cependant, nous savons que cela fonctionne. »
« Comptable » et « Bricoleur »
Plusieurs dispositifs expérimentaux ont confirmé les bienfaits du sport sur la santé. Dans une étude réalisée dans la ville de Bas Rin en 2021, 172 personnes bénéficiant d’un programme de santé sportive ont pu observer une réduction de 35% de la consommation des soins médicaux municipaux, notamment des médicaments, en 18 mois. A l’inverse, la consommation a augmenté de 12 % dans le groupe témoin. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, chaque euro investi dans l’activité physique génère un rendement économique de 1,7 euro, notamment grâce à la réduction des dépenses de santé.
Face à de tels succès, pourquoi n’accélère-t-on pas ? » Les comptables du ministère de la Santé sont convaincus que s’ils remboursent certains patients, il faut passer du traitement à la prévention et rembourser tout le monde. J’imagine qu’il tremble en disant : cela », déclare le parlementaire Aurélien Santour, provocateur. Pour François Carré, cardiologue rennais, « rien n’a changé » dans le fait que le sport soit une « cause nationale » cette année olympique. Nous avons constaté qu’un remboursement de quelques séances est suffisant. Les patients sont prêts à payer pour se reposer s’ils pensent que leurs symptômes s’améliorent. Mais aujourd’hui c’est DIY ! »
Les centres sportifs et de santé recherchent l’équilibre
Il existe une trentaine de centres de sport et de santé en Bretagne, dont la mission est non seulement d’aider les personnes malades à pratiquer une activité physique adaptée, mais aussi d’inciter les personnes saines à (re)faire du sport. Certains sont liés aux hôpitaux et aux communautés locales, tandis que d’autres sont affiliés. « Chaque famille doit créer son propre modèle économique, mais l’équilibre est fragile », estime Olivier Rabin, directeur départemental de l’Euforep29, qui gère le pôle sportif et de santé de Brest. Il estime que « nous passons beaucoup de temps à chercher des subventions ». »