Stephen Lawries, neurologue et chercheur belge en neurosciences de renommée internationale, n’a plus besoin d’être présenté. Stephen Lawries, actuellement basé au Québec et professeur et chercheur au centre de recherche CERVO de l’Université Laval, a fondé le Coma Science Group au Giga Consciousness Center de l’Université de Liège en 2014. Spécialement dirigé. La plupart de ses travaux de recherche sont consacrés à l’étude de patients présentant des lésions cérébrales graves (par exemple, le coma) et des changements de conscience pendant l’anesthésie, le sommeil, la méditation et l’hypnose.
Les startups belges prospèrent face à la vague mondiale de l’IA
De manière assez inattendue, jeudi dernier, Stephen Lawries faisait partie des personnes invitées à prendre la parole sur l’une des scènes du salon Viva Technology à Paris, devenu le plus grand rassemblement européen de start-up technologiques. Nous avons eu l’occasion de lui demander pourquoi il apparaissait dans une émission principalement consacrée à l’intelligence artificielle (IA).
Je ne m’attendais pas à vous rencontrer à Viva Technology. Êtes-vous passionné par l’IA?
Si j’étais là, ce serait la responsabilité du chef de la Délégation générale de Wallonie-Bruxelles et d’Owex à Paris ! (Rires) Vous connaissez ma passion pour la compréhension du plus grand mystère de la conscience humaine et de l’univers en nous. Non seulement en tant que neurologue, mais aussi chercheur en neurosciences au FNRS (d’abord à l’Université de Liège et maintenant à l’Université Laval à Québec), j’étudie comment le cerveau est constitué de milliards de cellules et de milliers de connexions. . Je suis très intéressé à comprendre comment cela fonctionne. Évolue constamment. Car contrairement à ce qu’on nous enseignait à l’université dans les années 1980, de nouvelles cellules et de nouvelles connexions se créent tout au long de notre vie. C’est la neuroplasticité. Mon objectif est de documenter cette neuroplasticité en utilisant toutes les neurotechnologies dont nous disposons aujourd’hui.
Nous avons donc demandé à l’un des entrepreneurs emblématiques de la « French Tech », Frédéric Mazzella (fondateur de BlaBlaCar), de mener une expérimentation en live sur scène à Viva Technology. En quoi consiste cette expérience ?
Dans mon laboratoire, nous utilisons 250 électrodes pour mesurer l’activité cérébrale des patients. Nous n’en utiliserons que trois ici. Mais cela nous permet de visualiser l’invisible. Que se passe-t-il dans le cerveau des « entrepreneurs en série » comme Frédéric Mazzella ? La technologie actuelle permet de visualiser en temps réel l’activité électrique du cerveau d’une personne. Grâce aux algorithmes utilisés pour analyser la musique, il devient possible de décomposer cette activité et d’en extraire différents signaux. Jusqu’à 120 composants peuvent être visualisés, défilant sous forme de couleurs artificielles. Très simplement, vous pouvez visualiser un flux continu de conscience. Ce que je veux spécifiquement montrer à propos de Frédéric Mazzella, c’est que pendant que le cerveau de cet entrepreneur est en feu et va dans toutes les directions, vous pouvez développer la capacité de votre cerveau à prêter attention grâce à la méditation et à la respiration.
mouette
« Comment expliquer le fonctionnement de ces esprits passionnés, créatifs et prêts à consacrer tout leur temps et tous leurs fonds à un projet ? Certains réussissent, d’autres j’échoue. »
L’expérience fait partie d’une étude lancée à l’Université de Liège en 2020 sur les fonctions du cerveau des entrepreneurs. Qu’avez-vous appris de cette recherche ?
Le mérite de cette recherche revient à Frédéric Hommes, qui a rédigé l’article à HEC-Liège et que j’ai co-animé. Les entrepreneurs sont des gens fascinants. Chez Vivatech, nous le voyons avec toutes ces startups technologiques. Comment expliquer le fonctionnement d’un esprit passionné, créatif et prêt à consacrer tout son temps et tous ses fonds à un projet qui échoue ? Surtout, nous avons pu démontrer avec Frederick Ooms que la flexibilité cognitive joue un rôle déterminant chez les entrepreneurs.
En quoi consiste cette flexibilité cognitive ?
C’est la capacité d’une personne à s’adapter à des réalités en constante évolution. Prenons l’exemple du Covid. Personne ne s’attendait à son arrivée. Mais alors que beaucoup d’autres n’ont connu qu’un désastre, certains ont trouvé l’occasion de s’engager et de créer pendant cette crise sanitaire. Pourquoi est-ce différent ? Je crois fermement à l’adaptabilité et à la résilience. J’ai pu l’observer avec Mathieu Ricard et les moines bouddhistes (qui sont en retraite depuis 3 ans). Pour les sportifs comme Guillaume Néry, plongeur français qui peut souffrir d’apnée de longue durée. Avec des musiciens (comme le directeur musical de l’Opéra de Bruxelles).
Chez Vivatech, on parle beaucoup d’intelligence artificielle (IA). Que pensez-vous de l’engouement des entrepreneurs pour l’IA ?
Certains parlent de conscience artificielle. Mais les mouches ont plus de conscience que les ordinateurs les plus puissants. Ces ordinateurs ne pensent ni ne reconnaissent rien. Ils n’ont aucune émotion. Ces supermachines ne nous disent pas quoi faire, ce qui est bien ou mal. Mon rôle en tant que scientifique et neurologue est de convaincre les politiques que nous devrions cesser d’investir uniquement dans la connaissance au niveau éducatif. Nous devons également renouer avec nos besoins émotionnels. Et malheureusement, les écoles ne le prévoient pas structurellement. Nous n’apprenons pas à nos élèves à gérer et à coopérer avec leurs propres émotions et celles des autres… mais il existe un ensemble d’outils que nous devrions enseigner à nos enfants en matière de santé mentale.
Les entrepreneurs sont donc adaptables, résilients, créatifs… est-ce ce qui les différencie des autres entrepreneurs ?
Le projet « Entrepreneur Mind » mené à l’Université de Liège (voir aussi ci-dessous) a permis d’interroger des centaines d’entrepreneurs et de mesurer l’activité cérébrale de dizaines d’entre eux. Lorsque cette activité est mesurée par IRM, on constate que la structure de l’insula est différente. Il existe également des différences dans le niveau de connexion au cortex préfrontal entre les entrepreneurs en série et les autres.
Il y a des questions récurrentes sur les congénitaux et acquis. Sommes-nous nés entrepreneurs ou devenons-nous entrepreneurs ?
J’ai peu confiance dans le monde naturel. Je suis d’accord avec Jacques Brel. «Le talent, c’est vouloir faire quelque chose.» Je crois aux jeunes qui disent: «J’ai décidé de le faire». J’ai cinq enfants et c’est la seule chose dans laquelle je veux réussir. Vous pouvez déplacer des montagnes si vous le décidez. Il en va de même pour les entrepreneurs.
mouette
« Je ne suis pas d’accord avec Elon Musk et les gens de la Silicon Valley qui disent que la technologie nous sauvera. Les humains nous sauveront. »
Certains entrepreneurs de la Silicon Valley, comme Elon Musk, tentent d’implanter des puces cérébrales chez les humains…
Je ne suis pas d’accord avec Elon Musk et tous les gens de la Silicon Valley qui disent que la technologie nous sauvera. Ce sont les humains qui nous sauveront. La technologie, tout comme la science et la connaissance, peut certainement nous aider. Mais c’est aussi la clé du paradis et la clé de l’enfer. J’utilise la radioactivité pour faire des scanners cérébraux. D’autres l’utilisent pour fabriquer des armes nucléaires. Il en va de même pour l’IA. Même dans une société hyper-technologique, n’oublions pas que nous restons des humains et des êtres sociaux. Il faut un juste équilibre entre l’apport des nouvelles technologies et la reconnexion à nos besoins émotionnels. Surtout, ne laissez pas Elon Musk décider de ce qui est bien et mal.
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Une étude menée conjointement par des chercheurs en entrepreneuriat et en neurosciences (Bernard Surlemont, Frédéric Ooms et Steven Laureys) à l’Uriège et au CHU de Liège a révélé que certaines caractéristiques neuronales des fonctions cérébrales des entrepreneurs, notamment celles des entrepreneurs. Les connexions fonctionnelles d’ordre supérieur entre les entrepreneurs et les entrepreneurs ont été mis en évidence. Régions cérébrales impliquées dans la flexibilité cognitive (cortex insulaire et cortex préfrontal).
Aujourd’hui, suite à ces premières études, l’unité de recherche HEC Liège (Frédéric Houms, Bernard Surmont) et le Centre de recherche GIGA en Neurosciences et Imagerie Humaine d’Uriège (Fabienne Colette, coordinatrice) s’associent à nouveau pour mener de nouvelles recherches. Neurosciences et entrepreneuriat.
L’objectif principal de cette nouvelle recherche est de comprendre comment l’expérience entrepreneuriale influence la flexibilité cognitive, ou la capacité à s’adapter à des situations nouvelles ou incertaines. Parce que les entrepreneurs évoluent dans des environnements incertains et parfois stressants, les chercheurs souhaitent également déterminer l’influence de l’incertitude et de la santé mentale sur l’évolution de la flexibilité en réponse à l’expérience entrepreneuriale. Ils visent également à déterminer si les différences de flexibilité cognitive entre entrepreneurs et managers observées dans des études antérieures sont un antécédent ou une conséquence du processus entrepreneurial.
Pour mener à bien l’étude, les chercheurs principaux recrutent actuellement plus de 500 gestionnaires et entrepreneurs bénévoles expérimentés et prometteurs pour participer à divers aspects de l’étude.
La première étape consiste à répondre à une enquête en ligne accessible via le site www.entrepreneurmind.uliege.be.