Selon le gouvernement, les gangs qui contrôlent 80 % de la capitale haïtienne ont profité de l’absence du Premier ministre Ariel Henry pour attaquer des lieux stratégiques tels que des commissariats, des universités et des commissariats, jeudi 29 février. Outre un aéroport, la capitale compte également deux prisons. Près de 4 000 détenus ont disparu dans les airs, laissant les habitants effrayés.
Cellules vides : le pénitencier national de Port-au-Prince attaqué le 3 mars, les prisonniers libérés Image : Ralph Tedy Erol/REUTERS
« Nous sommes partis à pied, mais les voleurs nous ont chassés », a déclaré Jean François, un habitant de Port-au-Prince. « La dernière fois, ils ont saccagé nos maisons. Aujourd’hui, ils sont revenus et nous avons été forcés de partir et d’évacuer. Ils ont pris le contrôle de toute la zone. »
les gangs tentent de renverser le gouvernement
Les gangs sont armés jusqu’aux dents et prétendent vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry. Jimmy Sheridier (alias « Barbecue ») est à la tête de la coalition G9, qui regroupe neuf gangs dans la capitale.
Les Nations Unies ont accusé l’ancien policier de 46 ans d’être impliqué dans de multiples massacres, dont la mort de plus de 70 personnes en 2018, lorsque 400 maisons avaient été incendiées dans le quartier de La Saline.
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 et la prise de pouvoir du pays par Ariel Henry, Jimmy Chéridier n’a qu’un objectif principal : renverser le gouvernement « par tous les moyens possibles ». il a prévenu mardi [05.03.24] « Si Ariel Henry ne démissionne pas et que la communauté internationale continue de le soutenir, nous nous dirigerons tout droit vers une guerre civile qui mènera au génocide. »
Le chef de gang ajoute à ses compatriotes : « Nous devons nous unir. Que Haïti soit le paradis ou l’enfer pour nous tous. Je doute qu’un petit groupe de riches vivant dans de grands hôtels décide du sort de la population laborieuse. Il n’y a pas de place pour un quartier de classe sociale. »
Les habitants de Port-au-Prince vivent dans la peur des gangs et le gouvernement a imposé l’état d’urgence et un couvre-feu. Image : Odelyn Joseph/AP/picture Alliance.
Les forces de l’ONU combattent les gangs
L’assassinat de Jouvenel Moïse a contribué à la détérioration d’une situation politique, sécuritaire et humanitaire déjà fragile. Depuis lors, l’influence des gangs n’a cessé de croître en Haïti.
Bill O’Neill, l’expert des Nations Unies sur les droits de l’homme en Haïti, est très préoccupé. « Je travaille en Haïti et aux alentours depuis 30 ans et je n’ai jamais vu une situation aussi grave », dit-il. Il n’y a pas de politique, de débat ou de négociation sous quelque forme que ce soit.
Bill O’Neill a appelé à « une certaine forme de force internationale, d’une certaine taille, parce que la Police nationale haïtienne n’est pas assez forte pour lutter contre les gangs ».
Le Premier ministre haïtien Ariel Henry a reçu l’autorisation des Nations Unies pour envoyer des troupes dirigées par le Kenya Image : Craig Ruttle/AP Photo/picture Alliance.
En octobre, les Nations Unies ont approuvé le déploiement « rapide » de troupes pour soutenir la police haïtienne dans sa lutte contre quelque 200 groupes armés. Mais la précédente mission de l’ONU (Minusta), qui s’est déroulée de 2004 à 2017, n’a laissé que de bons souvenirs en Haïti, avec notamment des accusations d’abus sexuels et 10 000 morts du choléra amenées par les soldats de la paix népalais.
Vendredi (01.03.24), Ariel Henry a signé un accord avec le président kenyan William Ruto pour déployer des policiers à Nairobi. Le Bénin enverra 2 000 soldats à la mission, et les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade et le Tchad devraient également y participer, ont indiqué les Nations Unies.
Pourquoi le Kenya dirige-t-il la MINUSTAH (en Haïti) ?
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La République Dominicaine ne veut pas de réfugiés haïtiens
Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, la République dominicaine observe avec inquiétude ce qui se passe chez son voisin Haïti.
« Nous prenons toutes les mesures pour maintenir le niveau de paix et de contrôle à notre frontière avec Haïti », a déclaré le président dominicain Luis Abinader lors d’une conférence de presse à Saint-Domingue lundi (04.03.24).
La République dominicaine a commencé à construire un mur à sa frontière pour empêcher non seulement l’afflux de réfugiés haïtiens mais aussi les criminels d’entrer sur son territoire.
Par ailleurs, l’ONG Médecins sans frontières a déclaré mercredi : [06.03.24] L’entreprise renforcerait sa présence au Japon. Selon un communiqué de presse de MSF, MSF prévoit d’ajouter environ 20 lits à son hôpital de Tabaré, portant ainsi le nombre de lits à 75.