Le sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de cette année se déroulera dans un environnement difficile pour le bloc régional.
Les développements récents dans la région ont été marqués par des coups d’État, des troubles sécuritaires et une instabilité économique. Le changement climatique pose également des défis.
Depuis 2020, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont quitté la CEDEAO, après six coups d’État réussis et deux tentatives de coup d’État dans la région. Ces trois pays sont membres fondateurs de cette organisation (1975) et sont les principaux pays de la région du Sahel.
Ce bloc économique de 15 nations a développé la communauté économique la plus intégrée d’Afrique grâce à des zones de libre-échange, à la libre circulation des citoyens, au développement d’infrastructures régionales telles que les routes et à des mécanismes de règlement des différends. Il y a également un palais de justice fonctionnel dans ce bloc.
Cependant, la stabilité du bloc et de ses États membres est menacée.
Lire la suite : Le Mali, le Burkina Faso et le Niger veulent quitter la Cedeao. Un politologue explique l’impact
En tant que chercheur en politiques et relations internationales spécialisé sur l’Afrique de l’Ouest et la région du Sahel, j’ai précédemment analysé l’importance de la CEDEAO pour la paix et la sécurité dans la région.
Par exemple, la CEDEAO a joué un rôle clé dans le rétablissement de la paix en Sierra Leone et au Libéria dans les années 1990.
Le sommet de cette année doit commencer à restaurer ce rôle stabilisateur. J’ai identifié six actions que les dirigeants de la CEDEAO peuvent entreprendre.
Trouver des solutions à court, moyen et long terme à l’insécurité régionale
Promouvoir le commerce régional et renforcer le développement économique
lutte contre le trafic de drogue
Adopter des stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique
Élaborer un plan d’action pour le développement et l’autonomisation des jeunes
Garantir la stabilité démocratique régionale.
Il est essentiel de résoudre ces problèmes pour maintenir la paix régionale, promouvoir la stabilité et assurer le développement économique.
anxiété
Les situations de conflit et de sécurité se sont aggravées dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ces dernières années.
Les problèmes vont du terrorisme aux conflits entre agriculteurs et éleveurs. Certaines communautés ont été détruites par les forces rebelles, obligeant les habitants à fuir leurs foyers.
Selon les données obtenues du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, l’Afrique de l’Ouest et du Centre accueillera 11,2 millions de personnes déplacées de force en 2022, dont 7,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et 1,6 million de réfugiés. La plupart de ces personnes viennent d’Afrique de l’Ouest.
Les expulsions d’agriculteurs entraînent une insécurité alimentaire. L’insécurité traverse les frontières et doit être combattue collectivement.
commerce intérieur
Selon un rapport de la Banque mondiale publié en janvier 2024, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest dépendent des importations alimentaires en provenance de l’extérieur du continent, malgré le potentiel de production alimentaire locale.
Les dirigeants de la CEDEAO doivent identifier les moyens de stimuler la production locale. Cela réduira le chômage et stimulera la croissance économique dans la région.
Trafic de drogue
Le trafic de drogue a explosé ces dernières années en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, les saisies de cocaïne au Sahel ont atteint en moyenne 13 kg par an entre 2015 et 2020, pour atteindre 1 466 kg en 2022.
La consommation de drogues chez les jeunes est également en augmentation dans la région. Les drogues comme la Kush, aussi dangereuses que l’héroïne et la cocaïne mais beaucoup moins chères, dévastent les communautés et causent des milliers de morts.
Les dirigeants de la CEDEAO doivent faire face à l’épidémie de drogue.
Impact du changement climatique
Le changement climatique a un impact sur les communautés locales, entraînant une concurrence accrue pour les ressources, des conflits violents et des migrations forcées dans certains pays de la région.
Bien que la CEDEAO ait pris des mesures louables pour faire face aux impacts du changement climatique, telles que la stratégie et le plan d’action climatique de la CEDEAO, il reste encore beaucoup de travail à faire en termes d’adaptation.
Par exemple, nous devons reconnaître le lien entre le changement climatique et les conflits entre agriculteurs et éleveurs afin de prévenir de nouveaux conflits. D’autres aspects de l’atténuation du changement climatique, tels que l’alerte précoce et l’action, doivent également être mis en place.
Les dirigeants de la CEDEAO doivent également élaborer des stratégies pour accéder et générer des financements pour lutter contre le changement climatique.
Développement et autonomisation des jeunes
L’Afrique de l’Ouest et la région africaine comptent parmi les plus fortes concentrations de jeunes au monde. Avec un âge médian de 17,5 ans, il est urgent que les dirigeants des pays de la CEDEAO élaborent des plans de développement de la jeunesse.
Les coups d’État dans la région sont soutenus par des milliers de jeunes, démontrant leur mécontentement à l’égard de la structure de gouvernance actuelle. Les récentes émeutes violentes de jeunes au Kenya révèlent également de profondes divisions dans plusieurs pays africains.
stabilité démocratique
Depuis 2020, il y a eu six coups d’État réussis et deux tentatives de coup d’État en Afrique de l’Ouest. Plusieurs raisons ont été évoquées, notamment l’instabilité économique, l’insécurité, la corruption et l’ingérence extérieure.
Les dirigeants de la CEDEAO doivent chercher des moyens d’empêcher de nouveaux coups d’État, en commençant par mettre l’accent sur la bonne gouvernance.
Les dirigeants militaires doivent être encouragés et soutenus pour effectuer une transition vers la démocratie le plus rapidement possible. Le rétablissement des communications avec les chefs militaires est essentiel à la stabilité dans la région de la CEDEAO.
Comment les dirigeants de la CEDEAO peuvent-ils aborder ces questions ?
Résoudre ces problèmes nécessite du dévouement et des sacrifices.
Les stratégies clés comprendront la réduction des coûts de gouvernance à tous les niveaux, la lutte contre la corruption, l’implication des jeunes et le renforcement des capacités locales.
Cela contribuera à restaurer la confiance dans les pays de la région, à accroître la productivité régionale et à redonner espoir aux populations.