MONTRÉAL — Un ancien technologue médical qui a quitté la profession il y a près d’une décennie pour centraliser les laboratoires a créé une bande dessinée qui dénonce la restructuration des réseaux de santé et démystifie cette profession méconnue.
Les techniciens médicaux effectuent des analyses pour aider les médecins à poser des diagnostics et à recommander des plans de suivi et de traitement. Environ 85 % du diagnostic et du suivi du traitement reposent sur les résultats de tests.
Chaque année, 208 millions d’échantillons sont traités dans les laboratoires québécois.
Il existe plusieurs grands domaines d’activité pour le métier de technicien de laboratoire clinique. Emily Tremblay, étudiante au doctorat en communication à l’UQAM, a débuté sa carrière en microbiologie avant de travailler dans un laboratoire central intégrant biochimie, hématologie et banques de sang.
Après avoir travaillé 10 ans comme ingénieure, elle a décidé de prendre sa retraite en 2013 lorsqu’elle a appris qu’il y aurait un licenciement.
OPTILAB est un projet de réorganisation des laboratoires de biologie médicale. Le site Internet du ministère de la Santé explique que l’objectif d’OPTILAB est de regrouper 34 laboratoires hospitaliers en 12 clusters, comme il existait auparavant environ 500 unités administratives. Introduite en 2017, cette intégration se poursuit aujourd’hui.
Tremblay a consacré son mémoire de maîtrise et sa thèse de doctorat actuelle à la résolution des problèmes rencontrés par les technologues médicaux. Elle souligne que le public sait peu de choses sur le rôle qu’il joue dans le parcours d’un patient. « Je voulais raconter leurs histoires. C’est pourquoi j’ai consacré ma thèse et celle-ci à accroître leur visibilité », dit-elle.
«Je voulais lui rendre hommage car même si j’ai changé de carrière, c’est un métier que j’ai beaucoup de respect et je comprends son importance dans notre milieu médical.»
Impact sur les patients
Le doctorant a réalisé le dessin animé dans le cadre du Vulgarisathon, un projet organisé dans le cadre des Journées de la recherche émergente de l’Acfas pour permettre aux étudiants de troisième cycle de découvrir d’autres formes de diffusion.
Apprenti dessinateur, il a également sorti en mai dernier une BD en trois planches dans le cadre du Festival de la bande dessinée de Montréal.
Le premier panel porte sur l’impact de la création d’OPTILAB sur le système de santé, le deuxième panel porte sur la situation de l’emploi et le troisième panel porte sur la nature du travail des techniciens de laboratoire clinique.
Tremblay estime que les fusions de laboratoires ont affecté la qualité des échantillons et le travail des experts.
À titre d’exemple, elle note que la Côte-Nord est désormais affiliée au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean. « Cela va complètement changer l’image du laboratoire. (…) Il y a plusieurs effets en termes de qualité des soins, de rétention du personnel et de sentiment d’appartenance qui sont déjà évidents à travers la fusion OPTILAB et qui vont certainement se préciser à travers le Québec. Autre.
Tremblay soutient que le travail des ingénieurs à distance évolue. Les éprouvettes doivent par exemple être envoyées à un laboratoire central dans des valises qui, selon le doctorant, débordent d’échantillons.
Dans sa recherche, elle conclut qu’il est important de consulter plusieurs types d’experts avant de se réorganiser. « Au-delà de penser à résoudre les coûts de notre système de santé, il faut avant tout s’assurer que tous les Québécois, peu importe où ils habitent, reçoivent la même qualité de soins. Je pense qu’on a oublié cela et qu’on a priorisé l’optimisation des coûts, » dit Tremblay.
Elle craint que la nouvelle Agence Santé Québec amène les dirigeants des grands centres à prendre des décisions ignorant certaines réalités locales.
Sa bande dessinée met en scène un médecin qui dit à un patient qu’un échantillon de biopsie a été perdu pendant le transport et doit être récupéré. Cependant, réaliser une biopsie d’une tumeur, par exemple, n’est pas une tâche facile et ne peut être répétée à l’infini.
Mme Tremblay utilise l’exemple d’une fusion de laboratoires pour expliquer comment des échantillons peuvent être perdus.
« Si vous devez déplacer un échantillon de 500 km avant l’analyse, cela affecte non seulement la qualité de l’échantillon mais aussi l’analyse », explique-t-elle. Ce sont toutes des choses que je veux démontrer. »
Une fois que des changements importants seront mis en œuvre, d’autres professions du système de santé seront également transformées, a déclaré Tremblay. Il demande au gouvernement de consulter davantage les travailleurs de première ligne avant de mettre en œuvre une restructuration majeure.
—
Le contenu sur la santé de la Presse Canadienne est financé grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable des choix éditoriaux.