Après six ans, le programme européen One Health touche à sa fin. Il répondait aux préoccupations croissantes en matière de sécurité sanitaire, notamment la résistance aux antibiotiques, à travers le prisme de la santé publique, de la santé vétérinaire et de la santé environnementale.
31 projets (1) et 17 articles ont été lancés pour un budget total de 90 millions d’euros. Le programme européen collaboratif One Health (2), qui vient de s’achever après six années de travaux, sera riche. En effet, les trois thèmes sur lesquels ce document a été élaboré sont d’égale importance : la prévention des maladies d’origine animale, la résistance aux antibiotiques et les maladies infectieuses émergentes qui menacent la santé humaine et animale.
Dans ce vaste domaine, ce programme de recherche se concentre sur la sécurité alimentaire. «Nous souhaitions créer un portefeuille de projets de recherche qui répondent à la triple menace de la prévention, de la détection et de la réponse afin de répondre le plus rapidement possible aux maladies infectieuses émergentes», explique Hein Imberecht, scientifique du projet EJP One Health au niveau européen. Coordinateur chez . . En effet, les trois sujets étudiés sont de plus en plus préoccupants dans un contexte de pollution environnementale croissante, de perte de biodiversité et de changement global.
risque croissant
« La communauté de la recherche environnementale est moins organisée que celle de la sécurité sanitaire en raison de l’ampleur des enjeux environnementaux. » Arnaud Callegari, projet EJP One Health Elle est causée par la consommation d’eau et de nourriture. , bactéries ou parasites. Et ces bactéries seraient en hausse en Europe (3) : 4 005 cas ont été enregistrés en 2021, soit une augmentation de près de 30 % par rapport à 2020. La production de masse et la circulation mondiale des produits ne facilitent pas la prévention.
De même, le phénomène de résistance aux antibiotiques, deuxième thème du programme, risque de s’aggraver si l’on ne change pas les systèmes de production et de consommation des produits pharmaceutiques, tant en médecine humaine que vétérinaire. Ce problème a été reconnu par l’Organisation mondiale de la santé comme « l’une des menaces sanitaires les plus urgentes de notre époque ».
Un exemple de projet de santé
Certaines souches de Klebsiella pneumoniae, considérées comme des agents pathogènes bactériens importants par les agences de santé publique, présentent de multiples résistances, notamment aux antibiotiques comme les carbapénèmes et aux antibiotiques de dernier recours comme la colistine. Cette bactérie a également une large distribution écologique chez les animaux, les humains et l’environnement. Cependant, des lacunes subsistent dans la recherche et la surveillance de cette bactérie. Le projet MedVetKlebs vise à combler ces lacunes en harmonisant les méthodes de recherche et en étudiant la transmission entre différentes sources.
Autre type de recherche : le projet européen Care. Cette dernière permettrait de remédier à une pénurie au niveau européen, et la collecte des micro-organismes resterait séparée par pays d’origine et type de micro-organisme. Le projet s’est engagé à les référencer selon des règles communes pour faciliter une utilisation plus large au sein de la communauté scientifique. Cette collaboration renforcera les capacités analytiques du laboratoire.
Enfin, concernant la troisième question relative aux menaces émergentes, les projets ont été consolidés en fonction des préoccupations, notamment en réponse à la pandémie de COVID-19. Pour mémoire, les experts estiment que 75 % des maladies émergentes ont une origine animale.
Il existe une méthodologie commune…
Le programme européen collaboratif One Health est unique dans la manière dont il aborde ces trois thèmes. Il s’agissait d’une tentative de réunir des scientifiques de la santé publique et des scientifiques de la communauté vétérinaire. Il a également pris les premières mesures pour inclure les personnes de l’environnement. «Nous nous sommes appuyés sur la science pour apprendre à travailler ensemble», explique Arnaud Callegari, coordinateur du projet EJP One Health d’Ances. Nous avons développé une méthodologie commune entre santé humaine et santé animale, une approche commune et une culture commune de partage de données. »
Cependant, dans le dialogue entre santé publique et santé animale, le programme One Health n’est pas parti de zéro. La connexion a débuté en 2004 avec le projet Med Vet Net (4), dédié à la prévention des maladies zoonotiques. «Lorsque Med Vet Net a pris fin en 2009, la création d’une association a commencé pour préserver le consortium d’institutions de recherche qui avaient appris à travailler ensemble au cours des cinq dernières années», explique Arnaud Callegari. Et pour développer davantage cette coopération intersectorielle et impliquer davantage d’États membres et d’institutions de recherche, en consultation avec la Commission européenne, nous avons lancé l’EJP One Health. »
…y compris l’environnement
Au départ, l’environnement ne faisait pas partie de la discussion. En réponse aux préoccupations des membres, ils se sont progressivement intégrés pour inviter des projets dans ce domaine. » L’environnement est une matrice essentielle. Cette reconnaissance s’est imposée progressivement avec l’évolution de la définition du concept One Health. En 2020, nous avons élargi notre comité de parties prenantes et intégré l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), qui a récemment créé la Direction One Health. . , nous sommes en contact étroit.»
Les responsables d’EJP One Health prévoient d’impliquer davantage la communauté des chercheurs dans le domaine de l’environnement au cours de la troisième phase. « Même si les aspects environnementaux sont déjà présents au sein de notre consortium, la communauté de la recherche est moins organisée que celle de la sécurité sanitaire, en raison par exemple de la diversité des enjeux environnementaux », souligne Arnaud Callegari.
La deuxième action commune européenne sur la résistance aux antimicrobiens, qui débutera en 2024, examinera donc spécifiquement la faisabilité d’une surveillance standardisée de la résistance aux antimicrobiens dans l’environnement au niveau de l’Union européenne.
Article publié le 10 novembre 2023